Vannes
LA CHRONIQUE D'ANTOINE BESSON - Il y a quelques jours, j’entendais un dirigeant de la Poste dire que le volume des lettres échangés par ses services ont diminué de 2/3 en 15 ans. Le téléphone, les réseaux sociaux, les emails semblent avoir pris le relais de nos échanges épistolaire.
En Asie, comme en France, on tape même de moins en moins de messages, on envoie des « vocaux ». Vous savez c’est courts messages audios qui transites par les réseaux sociaux. On reçoit de moins en moins de lettres donc essentiellement par souci d’efficacité, par économie de temps. Pourtant, il est important de se le dire en toute franchise : recevoir une carte postale, un petit mot manuscrit, une lettre remue nos émotions. Oserais-je dire, bien plus qu’un email, un texto ou un message audio…
L’écrivain belge Dominique Lévy-Chedeville l’écrit bien mieux que moi, « écrire, dit-il c’est espérer. Ecrire, c’est se solidariser avec les autres. Ecrire, c’est l’essentiel dans sa pureté. ».
Dans un mot manuscrit, on sort de l’intelligence artificielle, de la banalité des mots qui fusent pour se concentrer sur le sens et l’essentiel. On échappe au superficiel pour révéler une partie de notre âme, on met une part de nous-même. Mais alors si on écrit de moins en moins, pourquoi continuer à faire la promotion d’un moyen de communication qui peut sembler obsolète ?
Et bien parce que chez Enfants du Mékong, nous croyons encore au pouvoir de l’écrit ! Peut-être un peu à contrecourant, je vous le concède mais nous avons de bonnes raisons pour cela.
La première c’est que chaque année, nous sommes témoins de l’envoie de plus de 80 000 lettres échangées entre des parrains ou marraines et leurs filleuls en Asie.
Chacune de ces lettres est un débordement de joie, une preuve irréfutable que le soutien financier arrive au bon endroit !
Mais surtout - et c’est là la raison principale – chacune de ces lettres sont un bouleversement pour le jeune qui la reçoit. Je le dis d’autant plus facilement que j’en ai été témoin, on n’imagine pas lorsqu’on l’écrit le pouvoir d’une lettre envoyée à des milliers de kilomètres. Je pense à nos filleuls birmans qui reçoivent des nouvelles de leurs parrains français qui pensent à eux dans l’enfer et la solitude de la guerre civile, je pense à ces enfants des bidonvilles de Bangkok qui vivent sous les autoroutes dans la crasse la plus ignobles mais qui sont si fiers d’être les destinataires d’une lettre. Ces lettres, sincèrement, elles disent l’amour ou du moins la dignité. Là-bas dans ce pays qu’ils ne connaissent pas, quelqu’un pense à eux et s’intéresse à ce qu’ils deviennent. Ça change tout !
Dans bien des cas, ces lettre reçues d’un parrain ou d’une marraine sont accrochées près de l’autel des ancêtres dont chaque maison est ornée. Les cartes sont jaunies par l’humidité et le temps. A chacune de nos visites, elles nous sont présentées comme des joyaux.
Alors peut-être que vous-même, vous avez un filleul en Asie et que vous ne savez pas trop quoi lui écrire, vous remettez à plus tard. N’en faites rien ! ces lettres sont trop précieuses, leur pouvoir est trop grand. Et j’'oserai dire « peu importe leur contenu » tant que les lignes sont posées avec le cœur. Evoquer qui nous sommes, notre quotidien, nos aspirations, nos intentions de cœur pour l’autre, nos encouragements sont un cadeau immense face au vide de l’indifférence du monde pour les plus pauvres.
En échange, vous recevrez peut-être un dessin ou une lettre, certes parfois très décalée de notre culture occidentale ; car les enfants parrainés d’Asie osent aussi se révéler et dans des pays où la tradition orale prime, l’écrit est un effort qui est parfois maladroit mais toujours sincère.
Alors, tout cela pour vous inviter ce matin à écrire. Ecrivez et si vous le pouvez, écrivez sur du papier. Car un email passe, une lettre reste et n’est-ce pas ce que nous souhaitons à nos élans du cœur ? Qu’ils demeurent auprès de ceux à qui on les confie une présence à leur côté ?
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En partenariat avec ENFANTS DU MÉKONG
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