1 octobre 2021
"Les sanglots longs des violons de l'automne"... mais pas seulement.
Nous venons d’entrer dans l’automne. Pour beaucoup, il introduit la tristesse de l’été qui s’en va. Pour Anne-Cécile Suzanne, agricultrice engagée dans l'Orne, c'est tout autre chose...
"M’est venue l’envie de vous raconter l’automne comme je le vois, moi, en tant qu’agricultrice. C’est une saison de beauté, avec sa lumière crue du matin, qui fait plisser les yeux, et qui se pare doucement de tendres couleurs dorées, qui, au gré du vent, animent les vieux arbres de couronnes hérissées. C’est la feuille qui tombe, doucement, en prenant son temps.
L’automne, c’est la saison où le silence tombe de plus en plus tôt dans les étables, alors que les animaux, voyant la nuit arriver, se couchent paisiblement sur la paille qui sent bon, celle fraichement récoltée. L’automne c’est la vie qui débute, avec les semis. C’est la nouvelle année naturelle qui commence, c’est l’espoir d’une nature clémente avec qui il sera possible de bien travailler jusqu’à l’été, où tout finira, pour recommencer.
L’automne, c’est la vie qui débute dans les hangars, aussi, avec ces naissances tant attendues. Celles de mes petits veaux qui viendront à la vie jusqu’à Noël, dans un silence plus lourd qu’un cri, dans une incertitude qui me fait lever la nuit. C’est dur l’automne quand dans l’obscurité d’une étable, c’est la vie qui s’arrache, qui fuit, qui ne veut pas venir au monde. Mais quand de cette dureté jaillit la vie, quand ce sont deux grands yeux qui s’ouvrent au monde, devant l’éleveuse que je suis, l’automne c’est beau comme jamais. L’automne, c’est donc la beauté d’un jour qui s’ouvre, la beauté de la vie qui naît, avant de s’endormir un temps, pour s’éveiller avec rapidité au matin, ou en février.
Alors savourons l’automne, comme on savoure l’instant présent, avec l’optimisme de l’agriculteur qui va travailler ses champs pour en récolter les fruits demain."
Droits image: Une saison pas aussi morte qu'il n'y parait...@Pixabay