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Brexit: "une désintégration à terme du Royaume-Uni" pour Agnès Alexandre-Collier
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Brexit: "une désintégration à terme du Royaume-Uni" pour Agnès Alexandre-Collier

RCF,  -  Modifié le 14 décembre 2017
La phase deux du Brexit va être négociée lors du Conseil Européen jeudi et vendredi. Analyse de l'experte Agnès Alexandre-Collier sur ses effets dans la classe politique britannique.
2017- Agnès Alexandre-Collier est professeur de civilisation britannique à l'université de Dijon 2017- Agnès Alexandre-Collier est professeur de civilisation britannique à l'université de Dijon

Mercredi soir, à la veille du Conseil Européen, les députés anglais ont adopté un amendement, permettant au Parlement de s'opposer à l'accord final obtenu avec Bruxelles. Un vote qui semble saper les efforts de Theresa May dans les négociations en cours sur le Brexit. Pour la professeure de civilisation britannique Agnès Alexandre-Collier, ce que la presse internationale qualifie de "camouflet" était attendu.

"Le problème d’entente au gouvernement est structurel"

D'après Agnès Alexandre-Collier, la décision du Parlement est "significative puisque Theresa May est désormais mise en minorité". Une situation fragile qui dure en réalité depuis le mois de juin lors des élections législatives où une poignée de rebelles pro-européens fait la vie dure à la Première ministre. "La majorité artificielle dont bénéficie Theresa May repose sur l'appui du Parti unioniste nord-irlandais d'Uster qui doit faire face à un parti dominé par les eurosceptiques."
 

"Le gouvernement britannique n’a pas assez anticipé"

Depuis plusieurs années, Agnès Alexandre-Collier étudie le mouvement eurosceptique dans la classe politique et la société britannique. Elle note une tendance à "prendre des décisions dans l’urgence et la précipitation sans anticiper avenir." Ce fonctionnement a émergé pour elle avec David Cameron et se poursuit avec Theresa May. "Nombreux sont les effets du Brexit qui n'ont pas été assez préparés, explique-t-elle. Outre les 32 milliards de livres sterling (45 milliards d'euros) à reverser à l’Europe, il va falloir notamment recruter un certain nombre de fonctionnaires au National Office, ce que le gouvernement n’avait pas suffisamment anticipé."

"La transformation du Royaume-Uni est l'enjeu du Brexit, à terme"

"Le Brexit a activé des zones de clivage pré-existants dans la société anglaise et des divisions sociales". La chercheuse constate ainsi que "le Nord-Est de l’Angleterre et les zones rurales y sont favorables, à l'inverse du Sud avec les grandes villes." A cette séparation géographique s'ajoute l'émergence d'une nouvelle génération électorale pro-européenne.

La question de l'Ecosse est tout aussi "centrale", car les négociations de la sortie de l'Union Européenne pourrait redéfinir de nouvelles frontières. "On peut redouter une désintégration à terme." Un référendum pourrait alors avoir lieu après le Brexit. Pour le moment, Londres souhaite "éviter une crise politique". Or la tenue de ce référendum dépend du gouvernement britannique . "L'actualité changeante rend l'analyse complexe et difficile à établir", conclut Agnès Alexandre-Collier.

Emission réalisée en collaboration avec RCF en Bourgogne à Dijon.

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