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Confiance et vigilance: l'appel de Mgr de Moulins-Beaufort aux catholiques

Un article rédigé par Anne Kerléo - RCF,  - Modifié le 5 avril 2019
Pour Mgr de Moulins-Beaufort, "la priorité c'est d'annoncer l’Évangile", ce qui implique de restaurer la crédibilité de l'Eglise, en luttant contre les abus et par la "synodalité".
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Dans une interview à Etienne Pépin, rédaceur en chef actualités RCF, envoyé spécial à Lourdes pour l'assemblée plénière de printemps de la conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort confie ses premiers sentiments et ses convictions de nouveau président de la Cef. Il prendra ses fonctions début juillet. 

Archevêque de Reims depuis seulement 5 mois, Mgr Eric de Moulins-Beaufort avoue être "encore un peu surpris" de son élection  à la tête de la Conférence des évêques de France, "même s'il y avait quelques signes avant-coureurs". Il confie même à Etienne Péin avec espéré y échapper pour "bien avoir le temps de fraire tranquillement quelque chose à Reims", alors que là "il ne me reste que 3 mois de tranquillité si j'ose dire". En dépit de cette nouvelle responsabilité, il entend bien continuer à découvrir son diocèse et à s'y consacrer

A la question de savoir quel est son programme, il explique avec humour qu'il n'en a pas pour l'instant et qu'il ne peut pas en être autrement: "on est choisi sans programme puisqu'on n'est même pas candidat, donc je n'ai pas eu le temps d'élaborer un programme entre le moment où j'ai senti que j'allais peut-être être élu et le moment où je l'ai été pour de vrai". Il confie avoir des idées mais ne les révèle pas pour l'instant car il souhaite d'abord trouver "un peu de temps pour y réfléchir" et en parler avec les deux vice-présidents, Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard et Mgr Olivier Le Borgne, évêque d'Amiens, élus eux aussi ce mercredi 3 avril 2019. "Je pense que nous travaillerons bien ensemble" confie le nouveau président de la Cef, qui dit être tranquille parce que "très heureux d'avoir à (ses) côtés" ces deux collaborateurs et le Conseil permanent, "groupe d'évêques qui se réunissent tous les mois pour suivre un peu la vie de l'Eglise". Tranquille aussi parce que l'assemblée des évêques leur "marqué sa confiance de manière très facile". Et d'ajouter: "nous sommes portés par cette confiance". 

Lutte contre les abus sexuels: ne pas relâcher la vigilance

Conscient des enjeux pour l'Eglise de France, dans la phase déclicate qu'elle traverse, Mgr Eric de Moulins-Beaufort dit: "affrontons la !" Que ce soit dans son archidiocèse de Reims, auparavant dans le diocèse de Paris ou encore au sein de la CEF, le nouveau président a été remarqué pour sa détermination lors de ses prises de parole à ce sujet. "C'est un devoir, affirme-t-il, évoquant la lutte contre les abus. Nous sommes engagés depuis un certain temps sur ce chemin. C'est un devoir certainement premier de continuer ce chemin et de veiller à ce que notre vigilance ne se relâche pas. Ces différents sujets ont révélé beaucoup de choses, d'abord quelque chose de tès complexe dans le coeur des hommes qu'on ne soupçonnait pas à ce point là et ensuite des fonctionnements, des organisations qui font que des actes graves peuvent ne pas être révélés, peut-être ne pas être vus, ou lorsqu'ils sont vus, ne pas être traités comme il convient".

Déterminé, il tient cependant à rappeler les limites de sa fonction et le fait que la vie de l'Eglise se joue d'abord dans chaque diocèse. "Le président de la Conférence des évêques de France n'est que le président de la Conférence des évêques de France, dit-il. Il doit animer le travail des assemblées, préparer un ordre du jour, repérer les sujets importants (...) Mais la vie de l'Eglise, fondamentalement, c'est chaque dicoèse qui a sa propre vie. La CEF n'est qu'une instance de coordination, de mutualisation, de réflexion commune et il est très important que le pdt garde ce rôle. Notamment dans l'assemblée il y a un rôle tout simple qui est de distribuer la parole également à ceux qui la demande et à mener les sujets de la manière la plus ouverte possible, sans induire un certain sens avant." Il affirme vouloir s'inscrire dans la ligne de son prédécesseur, Mgr Georges Pontier, qui a su, affirme-t-il, mener avec calme et humour sa tâche de président de la Cef. 
 

Restaurer la Credibilité pour pouvoir annoncer l'Evangile

Et si la crise des agressions sexuelles et plus largement la crise de confiance que traverse l'Eglise constituent pour lui une préoccupation certaine, il affirme que "la priorité c'est d'annoncer l'Evangile" et souhaite "que les catholiques osent être catholiques là où ils sont, tranquillement, sans orgueil, sans arrogance, mais qu'ils osent vivre de leur foi sans s'inquiéter trop du regard des autres sur eux". Il demande aussi aux catholiques de faire "confiance aux évêques et aux pasteurs, avec vigilance". Il souhaite qu'existe entre les fidèles et les clercs "une certaine estime réciproque". Homme de son temps, il fréquente les réseaux sociaux et constate que "ce sont souvent des lieux d'échange d'injures alors que ça poiurrait être des lieux d'échange fraternels et d'encouragement". Et d'ajouter: "les critiques sont toujours possible mais je pense que nous puvons gagner en estime mutuelle, quelles que soient nos différences de sensibilité."

A l'écoute des profondes mutations de notre société, Eric de Moulins-Beaufort évoque "une société gouvernée par le principe du plaisir plutôt que par celui du devoir, ce qui n'est pas forcément en soi une mauvaise chose mais qui change énormément les fonctionnements". Il relève aussi la "désertification des campagnes", une jeunesse  "très belle" mais parfois "perdue", "une violence sociale latente... et pas seulement latente". Pour lui, "tout ceci fait ressortir le besoin d'annoncer la bonne nouvelle du salut" dans cette société et il estime que l'Eglise catholique doit pour cela regagner sa crédibilté. Cela passe selon lui "par la lutte contre les abus", mais aussi par davantage de "synodalité", comme y invite avec insistance le pape François. La synodalité signifie que "chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation " (Evangelii Gaudium n°120). Elle doit pourle nouveau président de la Cef "inspirer un certain nombre des transformations" de l'Eglise; 

 

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