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"Chercheurs de terre"
Présentée par Adrien Louandre UA-152455

© Pixabay / Caniceus
Inventer un nouveau récit fondé sur l'universalité, la fraternité et l'écologie populaire: c'est, pour Adrien Louandre, la clé pour faire face au défi des migrations écologiques.
Pour nombre de personnes engagées un des plus grands défis aujourd’hui est de raconter une nouvelle histoire, un nouveau récit collectif afin d’entraîner chacun vers un nouvel horizon, plus humain et plus fraternel.
Autour des personnes en situation de migrations (que l’on appellera aussi des "chercheurs de Terre", comme le dit le député européen Damien Carême) il y a maints fantasmes, souvent peu vérifiés et peu scrupuleux. Qu’est-ce qu’un migrant ? Quelqu’un qui se déplace tout simplement, d’un pays à un autre pour des raisons économiques, politiques… ou écologiques. Parfois les trois. On remarque qu’une syrienne en France est une « migrante » alors qu’un Français aux Etats-Unis est un « expat » alors qu’il s’agit en soi de la même chose. Nous voyons ici que construire un récit collectif passe d’abord par le langage. On a peur du migrant alors que l’on questionne l’expat sur la richesse de son échange culturel…
Une peur légitime mais souvent nourrie de fantasmes
Je comprends la personne qui peut avoir peur. Peur de perdre son identité, peur de ne plus se sentir chez soi car il ne comprend plus la langue de ses voisins, peur de perdre ses repères, peur des incompréhensions et des violences, peur de perdre son emploi, peur de plus être reconnu etc. Tout ceci est parfaitement légitime et compréhensible. Il ne faut pas nier cela dans le récit collectif que nous avons à recréer. Mais nous noterons que bien des gens évoquent la question de ces personnes en situation de migrations sans jamais être réellement allé à leur rencontre, sans leur avoir parlé et chercher à les comprendre, sans avoir pris du recul sur la déferlante médiatique autour de ces questions.
A cause de cela, des fantasmes naissent. Sans sourciller, certains utilisent le terme affreux « d’invasion migratoire », contredisant ce que sont les chiffres réels. Les réfugiés, les demandeurs d’asiles et les apatrides ne représentent que 3.6 millions de personnes en Europe, soit 0.6% de la population. On est bien loin de l’invasion décrite par l’extrême droite qui fait son terreau sur des manipulations et des exacerbations des ressentis d’honnêtes gens. Redisons-le : qui sommes-nous pour juger ceux qui fuient la guerre et la misère provoquées par la cupidité de quelques-uns ? Que savons-nous de ce que nous ferions à leur place ? Personne ne quitte son pays de gaieté de cœur. Personne.
Et quand bien même. La France, l’idée même de ce qu’est la France et sa République, n’est-elle pas d’être un phare pour celui qui cherche refuge ? Voilà un récit, à rétablir : celui d’une France fraternelle, consciente de ce qu’elle est, de son histoire, de l’espérance qu’elle peut susciter en étant vraiment elle-même. Notons d’ailleurs que cette France fraternelle existe en des milliers d’endroits sur le territoire !
Inventer un nouveau récit plutôt que DE désespérer ou DE nier la réalité
Les réfugiés climatiques existent déjà, ce sont les plus pauvres d’Afrique, d’Océanie et d’Asie du Sud-Est. Ce sont encore eux qui trinquent, eux qui déjà furent les oubliés de la mondialisation. Nos actes ici ont donc des conséquences là-bas, d’où résulteront que ceux et celles en recherches de terres vont de toute façon passer les frontières : pas parce qu’ils connaitraient l’existence d’aides mais bien parce que lorsque l’on a connu l’horreur de la guerre, ce n’est pas une frontière de barbelés et des insultes qui vont empêcher de passer. Enfin, pour le philosophe Bruno Latour : si nos propres terres se dérobent sous nos pieds à force de les maltraiter, nous serons tous des chercheurs de terres. Comment réagirions-nous si nous devions fuir en Suède et en Finlande ? SI le Nord de la France devait accueillir tous les sudistes durant tout l’été ?
Alors on peut le nier, on peut en désespérer… mais on peut aussi inscrire cela dans un nouveau récit, un récit où l’Humanité est universelle, où l’écologie populaire et la fraternité sont les meilleures garantes de la sécurité, où cette écologie et cette fraternité intégrale surmontent la peur et la différence. Une fois de plus, là peut se constituer un monde enthousiasmant pour nos enfants.
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