L’ETA n’est plus. Euskadi ta Askatasuna, "Pays basque et liberté", avait déjà rendu les armes il y a quelques années, en 2011. Depuis lors, subsistait alors l’activité politique du groupe indépendantiste. Mais dans une « déclaration finale », datée du jeudi 3 mai et remise à la presse, l’ETA a officiellement annoncé sa dissolution, mettant ainsi fin à toutes ses activités politiques.
Fondée sous Franco, ETA avait depuis sa création mené une campagne d’assassinats et d’attentats à la bombe en Espagne, mais également en France, revendiquant l’indépendance d’une région baptisée Euskal Herria, le Pays basque espagnol, le Pays basque français et la Navarre. En tout, les exactions de l’ETA ont fait au moins 829 morts au fil des années.
"Les évêques du Pays basque et de la Navarre ont signé un communiqué il y a déjà deux semaines dans lequel nous avons salué de manière positive cette déclaration de l’ETA, qui regrette les maux causés et demande pardon pour les victimes qui n’étaient pas partie prenante dans ce conflit. Un certain nombre de prêtres et de laïcs ont essayé de désarmer les instincts de violence de l’ETAT de manière officieuse tout en approuvant parfois les revendications des Basques par rapport aux franquistes et en demandant cette autonomie du Pays basque" explique Mgr Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.
Ce dernier ajoute que le clergé a également tenté durant toutes ses années de mettre en relation les membres de l’ETA et les victimes pour arriver à une réconciliation. "Dans les dernières années, les évêques ont été très prudents. J’ai adopté la même ligne de prudence que les évêques du Pays basque espagnol. Cependant le désir était la dissolution de l’ETA, l’arrêt de la violence et une demande de pardon et une vraie réconciliation. Cette déclaration de l’ETA est une vraie avancée, mais elle n’est pas suffisante" lance-t-il.
Le combat mené par l’ETA a laissé des plaies béantes, et de nombreux défis auxquels l’Eglise catholique locale peut contribuer. "L’Eglise peut aider à panser les plaies, en écoutant toutes les victimes et en essayant de mettre en contact les victimes avec les auteurs de ces victimes. La dissolution de l’ETA ne va pas rétablir totalement la paix au Pays basque. Il y a quand même eu des mots graves, des violences irréparables et qui nécessitent de vraies démarches de pardon de part et d’autre" ajoute Mgr Aillet.
Au-delà de la question des victimes, celle des prisonniers. "Que les prisonniers qui sont coupables, soient aujourd’hui, après l’arrêt des violences, rapprochés de leur domicile pour permettre à leurs familles de les contacter, c’est une revendication tout à fait audible. Ceci dit, il faut que ceux qui sont des anciens prisonniers, s’ils reviennent dans leur pays, il faudra que cela n’humilie pas les victimes" conclut l’évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.
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