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Etats Généraux de la Bioéthique: pour le CCNE, "l’objectif était bien de recueillir la diversité des points de vue"
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Etats Généraux de la Bioéthique: pour le CCNE, "l’objectif était bien de recueillir la diversité des points de vue"

Un article rédigé par Jean-Baptiste Le Roux - RCF,  -  Modifié le 7 juin 2018
Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) a remis mardi 5 juin dernier son rapport de synthèse des Etats Généraux de la Bioéthique.

A travers ce rapport de synthèse, une sorte de rapport d'étape, un large panorama d’opinions a été récolté sur des domaines où les progrès scientifiques ont émergé ces dernières années mais aussi sur des domaines où les opinions de la société́ ont pu évoluer.

Ainsi, près de 270 débats publics ont été organisés dans toute la France. Le CCNE a procédé par ailleurs à plus de 150 auditions. Le site Internet dédié a recueilli 65 000 contributions. La conclusion : il n’y a évidemment pas de consensus de la part des citoyens et des experts sur les sujets abordés dans le cadre de ces Etats Généraux de la Bioéthique. Des opinions divergentes se sont exprimées mais il existe un socle d’opinions partagées, comme l'explique le professeur Pierre-Henri Duée, membre du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE).
 

"Recueillir la diversité des points de vue"

Le professeur Pierre-Henri Duée, membre du CCNE au micro d'Etienne Pépin:

"Notre objectif était bien de recueillir la diversité des points de vue et non pas de faire un consensus sur tel ou tel sujet. Sur ces différentes questions, on perçoit, en particulier autour de la PMA et de la fin de vie, un débat dans la société. Et la restitution qui est faite dans le cadre de ce rapport de synthèse fait état de ce débat.  Mais en revanche, il y a un socle important" explique le praticien. 

"Par exemple pour la fin de vie, quelle que soit l’opinion des uns et des autres, il y a la reconnaissance qu’aujourd’hui on meurt mal en France, que la loi Claeys-Leonetti n’est pas suffisamment appliquée, partagée, y compris par les professionnels de la santé. Ce sont des éléments essentiels et qu’on a repris dans ce rapport, qui donne non pas un arbitrage, mais plutôt l’affirmation qu’il y a un socle, des valeurs qui sont importantes et partagées par l’ensemble des personnes qui ont répondu à notre invitation" ajoute le professeur Duée.
 

"Le souci de l'autre, la solidarité aves les plus vulnérables"

Le professeur Pierre-Henri Duée, membre du CCNE:

Pour ce membre du CCNE, il faut bien comprendre que les consultations, les débats publics, et finalement ce rapport de synthèse ne sont pas un sondage. "Notre objectif n’était pas de compter les points et de faire une analyse quantitative. Aujourd’hui ces questions font débat en France. Et pour ce que l’on a entendu, il y a la restitution de ce débat important. Avec l’affirmation d’un certain nombre de valeurs" précise le professeur Duée.

"Et ce qui est intéressant, c’est qu’au-delà de la revendication d’une certaine forme d’autonomie qu’on retrouve sur d’autres sujets, au-delà de l’affirmation d’une certaine liberté, le fil conducteur de ce qu’on a entendu sur les différentes thématiques, c’est ce souci de l’autre, cette volonté d’être solidaire avec les plus pauvres, les plus vulnérables. Et c’est vraiment quelque chose d’essentiel dans le cadre de cette consultation qui encore une fois n’est pas scientifiquement conduite, mais qui est la convergence de différentes approches et opinions de la société française, y compris des experts" conclut-il.

 

"Toute personne qui a une position simple se trompe"

Interrogé mercredi 6 juin sur RCF, le philosophe Frédéric Worms, également membre du CCNE depuis 2013, rappelait quant à lui qu'il faut se méfier des conceptions simples sur les sujets de bioéthique. "Tout le monde aujourd’hui prend en compte des contradictions dans la conception de l’humain. Celui qui veut opposer des conceptions simples, c’est possible. Mais je pense que c’est réducteur" expliquait-il notamment.

"Il y a d’un côté des techniques qui rendent possible la réponse à un besoin ou un désir que les êtres humains ne peuvent pas toujours satisfaire. […] D’un autre côté il est tout à fait légitime de prendre en compte les conséquences, moins sur la nature de l’être humain en général que sur la vulnérabilité des enfants par exemple, dans certaines situations familiales. On est sur une tension. Nous devrions tous êtres un peu partagés. Toute personne qui a une position simple se trompe a priori" déclarait-il.
 

Frédéric Worms, philosophe et membre du CCNE:

Le Comité Consultatif National d’Ethique remettra en septembre prochain son avis dans la perspective de la révision de la loi de bioéthique. L’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques se réunira jeudi 7 juin prochain pour la présentation des opinions du comité citoyen constitué dans le cadre de ces États Généraux de la Bioéthique.

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