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Evaluations au CP :"On met des élèves en situation d'échec"
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Evaluations au CP :"On met des élèves en situation d'échec"

Un article rédigé par RCF - RCF,  -  Modifié le 20 septembre 2017
Pour cette rentrée, l’Education nationale a mis en place des tests nationaux à destination des CP. Des évaluations critiquées pour leur finalité peu lisible.
Pixabay - Elève Pixabay - Elève

Deux livrets de sept et onze pages pour le français et les mathématiques : ce sont les évaluations nationales pour les classes de CP, souhaitées par le ministre Jean-Michel Blanquer.

En français, quatre sessions de tests d’une durée de vingt minutes, en mathématiques, neuf exercices pour trois séances. Ces évaluations doivent permettre au professeur d’identifier les points forts et points faibles des élèves au sortir de la maternelle. Les enfants, qui ne savent pas encore lire, doivent écrire des mots tels que « papa », « maman », additionner des animaux…

Des tests trop difficiles pour les enfants

« On met des élèves en situation d’échec »

Cela peut représenter des difficultés pour les élèves, ou encore les impressionner, alors qu’ils font leurs premiers pas « chez les grands ». Liliana Moyano, présidente de la FCPE, souligne la « mise en échec » des élèves dès la rentrée : « Ces évaluations sont beaucoup trop compliquées. On ne tient pas compte du niveau des élèves, et cela arrive beaucoup trop tôt. On met des élèves en situation d’échec. »

Francette Popineau, du SNUIPP-FSU, ajoute : « Ces tests sont aussi compliqués sur la forme. Une grande fiche avec quatre ou cinq exercices, c’est beaucoup. L’enfant a encore du mal à se repérer. »

Certains parents ont préparé leurs enfants en amont. Liliana Moyano rappelle que la relation entre les parents et l’école ne doit pas se traduire qu’en termes d’examens, mais plutôt au travers « des discussions avec les enseignants » afin de comprendre « comment leurs enfants évoluent ».

Le côté "évaluation diagnostique" ne serait pas très pertinent, selon Francette Popineau, du SNUIPP-FSU : « Quand on fait passer des évaluations, ce qui nous intéresse, c’est le chemin parcouru, lorsqu’on voit les progrès de l’enfant entre deux évaluations. »

Un objectif peu clair

« Une évaluation, c’est pour voir ce que les enfants savent faire, pas pour voir ce qu’ils ne savent pas faire. »

De plus, ces évaluations « photographient » les difficultés de l’élève, mais ce n’est peut-être pas pour le mieux :  « Chaque enfant a une maturation différente au niveau des apprentissages. L’enseignant, lui, sait à quel moment et comment évaluer l’élève. », déclare Liliana Moyano. « Une évaluation, c’est pour voir ce que les enfants savent faire, pas pour voir ce qu’ils ne savent pas faire. », complète Francette Popineau.

L’année de CP est majeure pour les enfants. Commencer cette année par des évaluations n’a pas, pour Liliana Moyano, de véritable sens pédagogique. « L’année de CP est très particulière, dans laquelle il y a beaucoup d’enjeu pour les enfants et leurs familles. Nous ne comprenons pas l’objectif au niveau pédagogique. Nous craignons que les familles l’interprètent comme une manière de classer les enfants. »

D'autant que la comparaison ne paraît pas possible, chaque enseignant faisant preuve de souplesse et adaptant l'évaluation à la situation de sa classe. Francette Popineau décrit le flou de l'opération : « Autant certes, il est important pour l’enseignant d’évaluer ses élèves au service des apprentissages, pour adapter sa pédagogie, autant là, on ne comprend pas bien. Les modalités sont diverses, ce n’est pas au même moment pour tout le monde… on ne pourra donc pas avoir une comparaison, quand bien même on aurait été intéressés par la chose. »

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