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L’Europe inquiète devant le futur de la diplomatie américaine
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L’Europe inquiète devant le futur de la diplomatie américaine

Un article rédigé par Aliénor Vinçotte - RCF,  -  Modifié le 18 janvier 2017
A cinq jours de son investiture officielle, Donald Trump a accordé une interview à deux quotidiens européens où ses déclarations ont provoqué une levée de boucliers en Europe.
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Alors que son investiture officielle aura lieu vendredi 20 janvier, le président-élu américain a accordé sa première interview au Times et au Bild, médias respectivement britannique et allemand. Dans cet entretien, le milliardaire américain salue le Brexit dont il prédit le succès et juge également l’Otan comme étant "obsolète". Le nouveau président estime que le Royaume-Uni a bien fait de quitter l’Union Européenne qu’il qualifie d’instrument de la domination allemande. Il ne semble pas croire en l’avenir de l’Union Européenne, il annonce même que d’autres pays européens suivront la marche du Royaume-Uni. Une déclaration qui pourrait remettre en cause les fondements de la relation transatlantique. Par ailleurs, Donald Trump critique la chancelière allemande, Angela Merkel, sur sa politique d’accueil des réfugiés : "Je pense qu’elle fait une erreur catastrophique en prenant tous ces migrants illégaux", estime-t-il. 

Réactions vives en Europe face aux déclarations de Donald Trump 

Les propos du milliardaire ont provoqués de vives protestations en Europe où l’on ne cache pas son inquiétude sur l’avenir de l’Alliance atlantique, existante depuis 1945. Le chef de la diplomatie allemande, Franck-Walter Steinmeier, a en effet indiqué que "les déclarations du président Trump, qui considère l’Otan comme obsolète, ont été reçus avec inquiétude". Seul le Royaume-Uni se réjouit devant les propositions avancées de Donald Trump, où ce dernier a évoqué une alliance bilatérale avec les Britanniques pour faciliter le libre-échange entre ces derniers et les Américains. Le ministre des Affaires Etrangères britannique, Boris Johnson a qualifié lui-même de "très bonne nouvelle" les propositions du nouveau président américain, annonçant le début d’étroites relations avec la première puissance mondiale. Cependant, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, s’est montré sceptique sur la possibilité de voir le Royaume-Uni et les Etats-Unis signer rapidement un accord de libre-échange comme l’a exprimé Donald Trump. En effet, "le Royaume-Uni pour l’heure est encore un pays membre de l’Union Européenne" et les négociations pour la sortie du Royaume-Uni devraient durer deux ans. Des négociations qui n’ont pour l’heure pas encore été enclenchées. 

Vers une prise en main de la défense européenne? 

En France, François Hollande a déclaré que l’Union Européenne "n’a pas besoin de conseils extérieurs pour lui dire ce qu’elle a à faire" et n’hésite pas à réfuter le nouveau locataire de la Maison-Blanche en estimant que l’Alliance atlantique "ne sera obsolète que lorsque les menaces le seront devenues elles aussi". De son côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a affirmé que "la meilleure réponse, c’est l’unité des Européens". Est-ce le moment attendu où les Européens vont décider de prendre en main leur défense ? Il faut en effet se rappeler que l’Otan est financée en grosse partie par les Etats-Unis, qui participent à hauteur de 70% de son budget. En parallèle, le chef d’état-major des Armées, Pierre de Villiers, a récemment réclamé une augmentation du budget de la Défense face à un futur incertain. De même, la chancelière allemande, Angela Merkel, a réagit en disant être "convaincue que l’Europe et l’Union Européenne doivent apprendre à l’avenir à prendre davantage de responsabilités dans le monde" et donc mobiliser "plus d’argent" pour la Défense. 

Inquiétudes modérées face à l'attitude des futures membres de l'administration Trump 

Réunis à Bruxelles, les différents ministres des Affaires Etrangères européens ne préfèrent pas se prononcer sur la position de Trump, restant prudents et observant les équipes du président américain probablement plus modérées que ce dernier. En effet, la plupart des conseillers de Donald Trump ne partagent pas ses analyses, ni ses projets de politique étrangère. A l’instar de Rex Tillerson, le futur secrétaire d’Etat, pour qui la Russie est un "Etat hostile" critiquant son intervention "illégale" en Ukraine. De même, son homologue à la Défense, le général Mattis, en faveur de l’Alliance atlantique, avait affirmé : "Si nous n’avons pas l’Otan aujourd’hui, il faudrait qu’on l’invente". Même au sein du pouvoir américain, on critique le manque de modération de Donald Trump. Le directeur de la CIA, John O.Brennan, a conseillé au milliardaire de "faire attention à ce qu’il dit" et de "se discipliner" au nom de la sécurité des Etats-Unis. Les déclarations du nouveau président ne suscitent pas que des inquiétudes en Europe, mais aussi aux Etats-Unis. Reste maintenant à savoir si Paris et Berlin, placés au cœur de l’Union Européenne, arriveront à engager leurs partenaires dans un projet aussi ambitieux que la défense indépendante de l’Europe au vu des différentes crises, migratoire, politique et économique, qui secouent le Vieux Continent. 

 

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