Le président de l'Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, déplore les crispations et les débats à l'égard des religions en France.
Président de l’Observatoire de la laïcité depuis sa création en 2013, Jean-Louis Bianco revient sur les principes fondamentaux de la laïcité que sont "la neutralité de l’Etat, la liberté de croire, de ne pas croire ou de changer de religion, et la citoyenneté." Une définition qu’ignorent d'après lui la plupart des Français et explique les débats autour des religions.
Depuis plusieurs semaines, le ton semble monter autour des questions de laïcité, notamment sur la montée d’un islamisme menaçant la cohésion nationale. Sans la nier, Jean-Louis Bianco la prend en compte et travaille principalement sur "le front des quartiers communautarisés". Il salue l'action des associations sur le terrain qui "permet de voir", selon lui, "que la République ne se fait pas emporter".
De nombreux éditorialistes lui reprochent un certain angélisme face au vivre-ensemble laïc en France. A ses détracteurs, le président de l'Observatoire répond: "Je vais dans les quartiers difficiles et ne me contente pas de faire des éditoriaux à Paris." Il qualifie en outre les critiques médiatisées autour du burkini ou des crêches de "proprement stupides". Jean-Louis Bianco estime en effet que le noeud du problème se trouve ailleurs.
Si l'Observatoire annonce avoir déjà formé 200 000 personnes, le président affirme que "les Français sont pour la loi 1905 sans savoir ce qu’il y a dedans". Il dénonce "des sortes d’intégristes de la laïcité pour qui la laïcité doit être agressive et facteur d'exclusion". Pour lui, la décision du gouvernement de reconduire les missions de l'Observatoire est un signe fort pour lutter contre ces dérives. De même, il se réjouit que le préfet Gilles Clavreul soit chargé de palier le manque de coordination entre ​les administrations centrales et les collectivités territoriales.
Jean-Louis Bianco rappelle le rôle de l'Etat dans la garantie de la laïcité du pays mais souligne l'importance des organisations confessionnelles pour créer des lieux de débats: "Ce n'est pas à l'Etat d'organiser le dialogue interreligieux, c'est aux religions. Mais c'est à l'Etat de parler avec les différents courants et convictions religieuses; "c'est aux citoyens de vivre et faire des choses ensemble." Dans cette perspective, la fraternité devient à nouveau affaire de tous.
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