Liens entre protestants et juifs: pour le pasteur Roland Poupin, "il y a encore du travail"

Lundi soir, les responsables de la Fédération Protestante de France (FPF)  et de l’Union des communautés juives de France (Consistoire central) se sont rassemblés à l’occasion d’une déclaration fraternelle du protestantisme au judaïsme intitulée "Une mémoire qui engage".  Si le geste semble fort, le président de la Commission des relations avec le judaïsme de la FPF et pasteur Roland Poupin rappelle que les rapports entre les chrétiens et les juifs ne sont pas acquis, malgré des siècles de rapprochement des deux communautés.

le soutien protestant en terre chrétienne

"Dès le XVIème siècle, Calvin est le premier à avoir affirmé que l’alliance de Dieu avec le peuple juif n'a pas été abrogée", rappelle Roland Poupin. Persécutée en Europe pendant des siècles, la communauté juive de France a su trouver auprès des protestants un soutien assez unique. La déclaration fraternelle prononcée lundi se place d'ailleurs dans le cadre des commémorations des 500 ans de la Réforme, et à quelques semaines des 70 ans de la Commission qui marque l'amitié judéo-chrétienne. "C'est donc la signification du renouvellement de la fraternité et la proximité entre Juifs et Protestants en regard de ce qui a déjà eu lieu dans les siècles passés."
 

"Il y a un travail qui est à faire encore"

"Il est important de marquer les étapes qui demandent un approfondissement dans nos rapports, explique Roland Poupin. Il y a un travail qui est à faire encore." La commission des relations avec le judaïsme cherche ainsi à élargir l'étude de la Bible, qui ne pourrait, selon le pasteur, se résumer à "une lecture christo-centrique". Nous apprenons comme chrétiens de la lecture juive de la Bible. Et le fait de reconnaitre qu’une autre lecture est possible montre que la substitution d’Israël par l’Eglise est fausse."
 

Anti- judaïsme : le combat n’est pas terminé

Roland Poupin évoque les liens politiques entre les deux communautés, tolérées sous l'Ancien Régime à dominance catholique. "A la Révolution, le pasteur Rabaut-Saint-Étienne a permis la mention de "liberté religieuse" dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, pour aller au-delà de la tolérance en vigueur et acquérir une pleine liberté de culte."
 

"Il subsiste des reliquats d'anti-judaïsme d’origine religieuse, qui se sont laïcisés ou racialisés selon les époques"

Quid du regain de l'antisémitisme qui sévit depuis quelques années? "Il y a une perte de mémoire, d’où la nécessité d'une "mémoire qui engage", (titre de la déclaration de lundi). En période de crise, les minorités sont un point de mire" estime Roland Poupin.  Il souligne également " les reliquats d’un anti-judaïsme chrétien dans le laïcisme actuel" sur lesquels "il faut travailler".  "C'est une manie assez commune de considérer que les cultes antécédents sont dépassés." Le pasteur espère donc que la déclaration fraternelle engage "une responsabilité des chrétiens dans le rapport de la société française vis à vis de la communauté juive."