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Nigeria: pour défendre un évêque, le pape François menace des prêtres de destitution
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Nigeria: pour défendre un évêque, le pape François menace des prêtres de destitution

Un article rédigé par Jean-Baptiste Le Roux - RCF,  -  Modifié le 13 juin 2017
Le pape François hausse le ton. Face à des prêtres rebelles à l’encontre de leur évêque, le Saint Père a brandi le carton de la destitution.
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Les prêtres nigérians du diocèse d’Ahiara, dans le sud du pays, ont 30 jours pour rentrer dans le rang, sous peine d’être destitués par le pape François. Ce dernier n’a pas apprécié le fait que plusieurs prêtres du diocèse ne reconnaissent pas comme évêque Mgr Peter Okpaleke, nommé en 2012 par le pape Benoît XVI. Depuis, s’en est suivie une grande instabilité dans ce diocèse du Nigéria au point que le cardinal-archevêque d’Abuja, Mgr John Onaiyekan, a dû être nommé administrateur apostolique du diocèse.

Averti du problème, le pape François a pris les choses en main. Recevant une délégation nigerianne jeudi 8 juin dernier, comprenant notamment Mgr Onaiyekan et Mgr Okpaleke, François s’est dit « profondément peiné », tout en ne manquant pas de qualifier cette situation d’inacceptable. Pour y remédie, le Saint-Père a décidé d’employer les grands moyens envers les prêtres du diocèse d’Ahiara.

Ces derniers ont jusqu’au 9 juillet pour écrire une lettre au pape François. Ce texte devra faire mention de leur obéissance au pape, ainsi que le fait qu’ils acceptent l’évêque envoyé par Rome. S’ils ne le font pas, ils seront destitués, « suspens a divinis » selon la formule consacrée, de l’Eglise. Ils perdront alors leur ministère.

Une sanction à la hauteur de la colère du pape François, qui entend bien guérir "la blessure infligée à la communion ecclésiale" et le "scandale" qu’a entraîné cette situation, née d’un conflit ethnique. Le pape est l’évêque de Rome, certes, mais il est également le chef de l’Eglise universelle. François vient de le démontrer avec force.
 

Voici le texte de l’allocution du pape François, lors de l’audience accordée à la délégation nigérianne :

Je salue cordialement la délégation et je vous remercie d’être venus du Nigeria dans l’esprit d’un pèlerinage. Cette rencontre est pour moi une consolation parce que je suis très triste pour la situation de l’Eglise à Ahiara. En effet, l’Eglise – pardonnez-moi le mot – est comme en état de veuvage du fait que l’évêque a été empêché de s’y rendre.

La parabole des vignerons assassins dont parle l’Evangile m’est venue très souvent à l’esprit (cf. Mt 21, 33-44) : ils veulent s’approprier l’héritage. Dans la situation actuelle, le diocèse de Ahiara est comme sans époux, et il a perdu sa fécondité et ne peut porter de fruit.

Qui s’est opposé à la prise de possession de l’évêque, Mgr  Okpaleke, veut détruire l’Eglise. Ce n’est pas permis. Peut-être ne s’en rend-on pas compte, mais l’Eglise souffre et en elle le Peuple de Dieu. Le pape ne peut pas être indifférent.

Je connais très bien la situation qui traîne depuis des années dans ce diocèse, et je remercie l’évêque pour l’attitude de grande patience, je dirais de sainte patience, qu’il a manifestée. J’ai beaucoup écouté et réfléchi, y compris à l’idée de supprimer le diocèse ; mais ensuite j’ai pensé que l’Eglise est mère et qu’elle ne peut pas abandonner autant d’enfants. Je ressens une grande douleur pour ces prêtres qui sont manipulés, peut-être aussi de l’étranger et d’en-dehors du diocèse.

Je considère qu’il ne s’agit pas ici d’un cas de tribalisme, mais d’appropriation de la vigne du Seigneur. L’Eglise est mère et qui l’offense commet un péché mortel, c’est grave. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas supprimer le diocèse. Cependant, je désire donner quelques indications à communiquer à tous : on doit d’abord dire que le pape est profondément attristé, c’est pourquoi je demande que chaque prêtre ou ecclésiastique incardiné dans le diocèse de Ahiara, qu’il soit résident ou qu’il travaille ailleurs, même à l’étranger, écrive une lettre adressée à moi, dans laquelle il demande pardon. Tous doivent écrire individuellement et personnellement. Tous nous devons avoir cette douleur commune.

Dans la lettre

1.on doit manifester clairement une totale obéissance du Pape et

2.qui écrit doit être disposé à accepter l’évêque que le pape envoie comme évêque nommé.

3.La lettre doit être expédiée dans les 30 jours à compter d’aujourd’hui jusqu’au 9 juillet prochain. Qui ne le fait pas est ipso facto suspens a divinis et il perd son office.

Cela semble très dur, mais pourquoi le pape fait-il cela ? Parce que le Peuple de Dieu est scandalisé. Jésus rappelle que celui qui scandalise doit en porter les conséquences. Peut-être l’un ou l’autre a-t-il été manipulé, sans avoir une pleine connaissance de la blessure infligée à la communion ecclésiale.

A vous, frères et sœurs, vont mes vifs remerciements pour votre présence, ainsi qu’au cardinal Onaiyekan pour sa patience, et à l’évêque Okpaleke, dont j’ai admiré, en plus de sa patience, aussi l’humilité. Merci à tous.

Traduction Zenith (Anita Bourdin)           

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