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Parole à notre évêque. - 29 octobre 2016 à 08:40
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Parole à notre évêque. - 29 octobre 2016 à 08:40

Un article rédigé par Erica Walter - RCF Charente,  -  Modifié le 8 novembre 2016
Mgr Gosselin revient forcément enrichi du pélerinage en Corée du 13 au 24 octobre...
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 Mgr Gosselin revient forcément enrichi du pélerinage en Corée du 13 au 24 octobre avec notamment l'importance de l'élan missionnaire. Il a aussi évoqué la lettre qu'il a rédigée sur la situation économique du diocèse.

Après son retour dans le diocèse, l'évêque tire un bilan du pèlerinage sur les pas des saints et martyrs de Corée. « Nous étions 5 évêques, un cardinal et des laïcs, une belle représentation donc de l'Eglise de France et l'Eglise de Corée nous a particulièrement bien accueillis. J'ai vraiment été marqué par la reconnaissance de cette Eglise concernant l'arrivée des prêtres qui sont venus non pas en terre vierge, mais à la demande des laïcs. Il y avait déjà des convertis qui imploraient Rome de leur envoyer des prêtres pour pouvoir célébrer l'eucharistie et recevoir les sacrements. On comprend aussi que les missionnaires se sont nourris de la ferveur et de la dévotion des chrétiens là-bas qui les a beaucoup marqués, beaucoup enrichis qui fait que, après, ils étaient prêts à donner leur vie pour le Christ. C'est vraiment cette Eglise vivante de Corée qui a été déterminante aussi bien dans leur appel que dans leur ministère sur place ».

« Personnellement, je reviens avec beaucoup de choses comme ceux qui sont partis avec le pèlerinage diocésain il y a 6 mois. Mais en tant qu'évêque, j'ai vécu aussi des expériences différentes. Avec cette dimension de ferveur de l'Eglise en Corée, on se dit qu'on est ailleurs. Et on l'est par le dynamisme et la vitalité de l'Eglise d'aujourd'hui, confrontée aussi aux mêmes difficultés : le matérialisme, l'individualisme dans un pays très développé, très en pointe au niveau mondial. Mais pour moi, ce qui compte d'abord, c'est cette place des laïcs et aussi de se dire comment recevons-nous les missionnaires quand ils viennent chez nous et comment avons-nous l'esprit missionnaire pour aller vers. Je pense que c'est un peu l'axe qui est donné cette année justement de devenir missionnaire, disciple missionnaire nous dit le Pape François », éclaire Mgr Gosselin.

« Je pense qu'il y a un côté subversif de l'Evangile que j'aimerais bien aussi creuser devantage »

L'évêque évoque aussi évidemment plus particulièrement le saint charentais qu'est Pierre Aumaître, mort martyr en Corée. « J'avais beaucoup entendu parler de son audace. J'avais déjà célébré sa fête à Aizecq, maintenant je suis allé jusqu'au lieu de son martyr. J'ai été très interpellé par l'enthousiasme de ce jeune charentais parti au 19ème siècle. Lui, son voyage a duré 3 mois. Il faut se remettre dans le contexte. Les Coréens nous en ont bien parlé : une vie dangereuse dès le départ puisque ces prêtres n'étaient pas accueillis en tant qu'étrangers. Je me dis : aujourd'hui, comment accueillons-nous l'étranger, comment nous situons-nous lorsque nous sommes dans un contexte d'étrangers. On voit bien que toute cette Eglise se recentre sur le Seigneur, sur le Christ, sur l'Evangile, sur le message, j'allais dire, subversif de l'Evangile qui est révolutionnaire. C'est bien pour cette raison qu'il n'a pas été accueilli ou qu'il y a eu des résistances. Ceux qui étaient au pouvoir sentaient bien qu'il mettait en danger leur philosophie, leur manière de vivre. Je pense qu'il y a un côté subversif de l'Evangile que j'aimerais bien aussi creuser davantage en me disant peut-être que nous sommes un peu trop consensuels. Il faut qu'on se réveille pour être des chrétiens ardents comme les charentais ordinaires au 19ème siècle afin que cette bonne nouvelle soit portée à tous au 21ème siècle. Je reviens avec cette idée d'un élan missionnaire ».

« Il faut reconnaître déjà le parcours de Pierre Aumaître à l'image des autres martyrs. Les Coréens ont le sens de la mémoire. C'est une Eglise très jeune. Partout, nous avons entendu parler des martyrs comme s'ils ne les oubliaient pas et ne voulaient pas les oublier. Et, nous, il ne faut pas que nous l'oublions. Ce Pierre Aumaître, c'est une figure qui nous est donnée de témoignage. Comment vivons-nous cette intercession de Pierre Aumaître pour l'Eglise de Charente sur son lieu de naissance, sur le lieu de sa formation, sur son désir d'aller au loin. Il faut comme dépoussiérer son image, ne pas simplement évoquer une imagé du passé, mais faire que ce qui l'animait nous anime également. Je souhaiterais que cette fête soit encore plus étoffée autour du lieu où il a vécu, de l'église de son baptême. Ce sera la réponse des Charentais à la présence de Pierre Aumaître au sein de notre Eglise charentaise, mais cela dépend de cette Eglise. Peut-être que ma mission aujourd'hui, comme pour les pélerins qui sont rentrés il y a 6 mois et le Père Lecomte avec lequel je suis parti, consiste à ce que nous puissions transmettre ce que nous avons reçu. C'est un devoir que nous avons », insiste Mgr Gosselin.

« Une question vitale de renouvellement en profondeur... »

L'évêque fait le lien avec la journée du 9 octobre, le Jubilé des Baptisés. « C'était l'idée de partir en mission. Et qui enverrai-je ?, dit le Seigneur. Je crois que la mission est très importante, elle permet de renouveler les communautés. Ce n'est pas simplement en se regardant et en souhaitant rajeunir que nous allons rajeunir, c'est en se mettant en mouvement et je crois que le mouvement de l'esprit nous fait aller vers. C'est cela qui fait rajeunir l'Eglise. L'idée, c'est quand même de rester jeune ou de devenir jeune. Je crois qu'il y a, là, un enjeu important de la mission de ce point de vue là. Le Pape nous y invite. Mais ce n'est pas simplement par obéissance que nous voulons le faire, c'est une question vitale de renouvellement en profondeur de nos identités chrétiennes, quelque part, pour aller jusqu'au bout de ce lien avec le Seigneur et puis que, ensemble, on le célèbre. Donc, cette année, avec différents événements, l'intention est quand même de nous mettre dans un élan missionnaire ».

Mgr Gosselin vient de rédiger une lettre pour les communautés et les donateurs sur la situation économique et financière du diocèse. « Il est important de faire le lien entre la mission et les moyens. Si c'est vraiment la mission qui nous rassemble, je crois que, déjà, l'objectif est donné et, quelque part, les moyens vont suivre. Donc, de ce point de vue là, ce n'est certainement pas pour nous lamenter. Je crois qu'il y un réalisme d'incarnation qui est très important. L'Eglise n'est pas hors du monde : il faut payer les impôts, les factures de gaz, les retraites, etc... Cela dépend aussi des ressources que nous avons. Peut-être qu'il y a moins de chrétiens, il y a peut-être ceux aussi qui n'ont pas le sens du denier du culte. Quand on va à la messe le dimanche ou qu'on demande un baptême ou un mariage, évidemment cela a un coût. On ne peut pas dire seulement : venez, c'est la maison du Seigneur. Le bon Dieu s'en occupera. Non, le Seigneur nous dit : soyez responsable. Je crois que, dans cette maison commune qui est la nôtre, la création, il y a aussi des charges qu'il faut pouvoir assumer et nous les assumons ensemble, en diocèse, avec un réel esprit de justice et de solidarité ».

« Nous avons fait un audit financier qui montre des difficultés réelles, pour lesquelles nous voulons avoir une réponse qui s'ajuste à cette réalité. Il est important que les chrétiens et les non chrétiens aussi, ceux qui ont envie de soutenir l'Eglise, puissent se sentir partie prenante s'ils veulent pouvoir profiter des services qui sont donnés par l'Eglise et de cette présence même d'Eglise en différents lieux. Si nous voulons pouvoir avoir des séminaristes, si nous voulons envoyer des aumôniers dans les hôpitaux, si nous voulons nous occuper des jeunes, il faut avoir des moyens. Et tout cela, je crois que c'est la volonté de Dieu qui est vraiment cette volonté de partage. Cette lettre est donc une communication sur la situation réelle du diocèse pour que chacun prenne sa part de responsabilité. Et c'est un dossier qui n'est pas annexe. C'est secondaire par rapport à la mission, mais c'est très lié. Et c'est lié aussi à ce que le Seigneur veut, ce n'est pas forcément une question de générosité, c'est une question de justice », conclut l'évêque.

Erica Walter

 

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