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Rescapée du Bataclan, Caroline Langlade veut aujourd'hui "réparer les vivants"

Un article rédigé par Florence Gault & Jean-Baptiste Le Roux - RCF, le 17 novembre 2017 - Modifié le 1 février 2024
Caroline Langlade, l'une des rescapés du Bataclan, publie aujourd'hui un livre "Sorties de secours", aux Editions Robert Laffont.
Mathieu Gardes Mathieu Gardes

Réparer les vivants. C’est la mission que s’est désormais fixée Caroline Langlade dans la vie. Elle fait partie des quarante otages qui ont lutté pendant trois heures face aux jihadistes, enfermés dans une loge de sept mètres carrés au Bataclan, le 13 novembre 2015. Elle en ressort vivante, mais 'salement amochée', comme elle le dit.
 

'Personne n'est à l'abri'

Elle raconte pour la première fois cette nuit de l’horreur dans Sorties de secours, aux éditions Robert Laffont, préfacé par François Hollande. Un récit poignant, qui ne laisse pas indemne, et qu’on n’arrive pas à lâcher. Caroline Langlade ne cache aucun détail. Mais, elle offre un merveilleux témoignage qui redonne foi en l’humanité.

Caroline Langlade a choisi de témoigner par devoir de mémoire. Mais aussi parce qu’elle pose ce constat implacable : personne n’est à l’abri désormais d’une attaque terroriste. 'Essayer de vous raconter cet immense bordel, c’est sans doute aussi dans l’espoir qu’à travers mes mots vous deveniez à votre tour les gardiens de notre mémoire, pour ne jamais oublier, et être mieux pré­parés si un jour ça recommence. Car si le 13 novembre 2015 m’a appris quelque chose, c’est que, désormais, personne n’est à l’abri d’être un jour victime d’un acte terroriste.' écrit-elle notamment dans son livre.

'Darry, Bernard et Jean'

Le paradoxe que souligne Caroline Langlade, suite à ces attentats, c’est que cette nuit du 13 novembre lui a apporté à la fois le pire et le meilleur. 'Le Bataclan m’a offert le pire mais aussi le plus beau cadeau du monde' écrit-elle également.


 
Dans Sorties de secours, Caroline Langlade dit: 'je ne suis pas blessée, je suis perdue'. Pourtant, les conséquences physiques de son traumatisme sont bel et bien réelles. Caroline Langlade leur a même donné un nom : Darry, Bernard et Jean. 'Depuis près de deux ans maintenant, Darry, Bernard et Jean m’accompagnent au quotidien. Ils sont devenus mes stigmates, mes amis imaginaires, la parole imposée à mon esprit par le biais de mon corps. Darry, c’est mon bégaiement, apparu soudainement depuis les attentats, et qui me rend visite à chaque épisode compliqué de 'l’après'. J’ai décidé de l’appeler Darry après que mes amis, dans une tenta­tive désespérée de rire de tout, m’ont fait remarquer combien je ressemblais alors à Darry Cowl'.

Une bataille pour la reconnaissance des droits des victimes

Depuis deux ans, au sein de l’association Life for Paris qu’elle a aidée à fonder, et qui regroupe près de 750 victimes, Caroline Langlade se bat notamment pour la reconnaissance des droits des victimes psychologiques. Pour qu’il n’y ait plus de hiérarchie entre les victimes. La souffrance de celle qui a reçu une balle est aussi grande que celle qui a eu l’intime conviction qu’elle allait mourir. Et le chemin qui reste à parcourir est grand.
 

'L’idée d’un statut de victime peut être à perte de vue discutée avec cette interrogation : comment en sort-on ? L’est-on toute sa vie ? Jusqu’où les ayants droit peuvent-ils y être associés ? Pourtant, la répara­tion des épreuves que notre pays a connues ces der­nières années nous conduit nécessairement vers cette évolution' . Extrait de la préface signée François Hollande

Caroline Langlade a décidé cet été de quitter la présidence de Life for Paris, rattrapée par sa santé. Face à l’horreur du terrorisme et la peur que cette menace peut susciter, Caroline Langlade veut néanmoins transmettre un message à la jeunesse.


 

â–º Réécoutez l'interview intégrale de Caroline Langlade:

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