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Grammaire : vers la disparition du COD et COI ?
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Grammaire : vers la disparition du COD et COI ?

Un article rédigé par Aliénor Vinçotte - RCF,  -  Modifié le 19 janvier 2017
Une fois de plus, l’école est agitée par une nouvelle polémique. L’enseignement du prédicat, mis en place cette année, est accusé de faire disparaître le COD et COI dans les écoles.
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Enseigné depuis longtemps dans plusieurs pays francophones tels la Belgique ou le Québec, ce n’est qu’en novembre dernier que le prédicat a fait son apparition dans les manuels scolaires, du CP à la 3ème. Terme encore inconnu chez les Français, il désigne tout ce qui se rapporte au sujet, se substituant ainsi au COD et COI. Depuis, les responsables des programmes scolaires tels que Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP), sont accusés d’appauvrir la grammaire française. 

Le prédicat, c’est quoi ?

Il s’agit de la partie de la phrase qui suit le sujet, censé permettre "d’identifier les constituants d’une phrase simple en relation avec sa cohérence sémantique". Un exemple : "le renard mange les poules", le prédicat constitue la partie "mange les poules". Il désigne donc le groupe verbal. Certains y voient une substitution des compléments d’objet et la voie vers la disparition de l’enseignement du COD et COI. C’est le cas d’une professeure de français à l’origine de la polémique qui, sur son blog hébergé sur Télérama, a révélé que le prédicat remplacerait les compléments d’objet : "Arrêtons de nous encombrer avec des notions complexes, des compléments d’objets directs, indirects, seconds, des compléments circonstanciels, et tout ce charabia qui perturbait nos chères têtes blondes et n’avait aucune utilité !", ironise-t-elle. L’enseignante y dénonce également des "directives orthographiques" effarantes, ainsi que le fait qu’on puisse accepter désormais des élèves des "accords défaillants" des participes passés à condition, bien sûr, qu’ils sachent les justifier. 

Bientôt "RIP la grammaire" ?

A l’heure où se multiplient des enquêtes démontrant le niveau extrêmement bas du système éducatif français, cette polémique a de quoi inquiéter les parents et les enseignants. Mais les responsables à l’origine de l’ajout du prédicat se défendent : "Elle doit permettre aux élèves de saisir la phrase comme un énoncé signifiant et pas seulement comme une suite de mots à étiqueter", précise Sylvie Plane, vice-présidente du CSP et professeure en sciences du langage. D’autres expliquent que "l’enseignement du prédicat ne remplace pas celui des compléments de verbe (COD, COI…) : il le précède". Des propos que confirme Michel Lussault, à l’origine de la mise en place du prédicat en France, qui précise que "le prédicat est un ajout, pas une substitution". En effet, l’enseignement des compléments d’objet est repoussé à la 5ème et non plus au niveau du primaire. 

Le prédicat : une notion enseignée en master

Pour Alain Bentolila, professeur de linguistique à l’université Paris-Descartes, ayant participé à l’écriture des programmes scolaires de 2008, "l’introduction du prédicat dans les petites classes n’a aucun sens", confie-t-il dans une interview au Figaro. Ce dernier explique enseigner cette notion "philosophique"  à ses étudiants de master, mais que pour les enfants, "ça n’a aucun intérêt". Selon lui, Michel Lussault n’a pas compris en quoi le fait de repousser l’apprentissage des compléments d’objets est une "aberration" puisqu’en réalité cela permettrait à l’enfant de comprendre ce qu’il lit. La grammaire, "c’est très concret", conclut-il.  
 

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