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"Soyons un peu moins ils, et un peu plus nous"
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"Soyons un peu moins ils, et un peu plus nous"

Un article rédigé par RCF - RCF Sud Bretagne,  -  Modifié le 17 février 2017
Jo Kerguerhis dans l'émission "le bon côté de l'info" nous invite à prendre garde à nos jugements hâtifs, au risque de perdre le sens du collectif.

Aujourd'hui je vous emmène faire un voyage aux "ils"

Détrompez vous! Je ne vous convie pas à rejoindre des rivages enchanteurs gorgés de soleil et bordes de cocotiers .

Mes ils à moi, ils sont durs, masculins, pluriels. Nous les rencontrons à tous les coins de page, à tous les coins de rue, au détour de maintes conversations.

Ouvrez l'oreille et écoutez. Ils tombent en avalanche: "mais où ont-Ils la tête ? ils se fichent de nous ! ils ne vont quand même pas nous faire ça ! ils ne sont vraiment bons à rien.

Dès qu'une chose nous dérange ou nous déplaît , nous trouvons tout de suite un coupable: ils

Ils deviennent un immense sac fourre tout dans lequel nous déversons nos déceptions, nos impatiences, nos colères, et même aussi de temps en temps nos petites lâchetés, quand ça n'est pas nos haines, sous le confortable anonymat des réseaux sociaux.

Mais qui sont-ils ces ils sur lesquels nous déversons notre bile? Et dans la période électorale qui s'annonce, les vannes vont s'ouvrir en grand !

D'abord et à l'évidence, ils tiennent pour nous le rôle célèbre dans la tradition rabbinique du bouc émissaire. "Ils" que l'on raille, que l'on fustige, que l'on juge du haut de nos certitudes prennent sur eux le poids de nos colères et de nos faiblesses.
Cette fonction expiatoire nous soulage de nos peines et parfois de nos responsabilités. Ainsi allégés, nous pouvons reprendre le cours semé d'embûches de notre vie de chaque jour. Et à ce titre, ils nous rendent bien service!

Ils, c'est aussi les puissants à quelque monde qu'ils appartiennent : politique, économique ou social. C'est à eux que nous nous en prenons le plus souvent. A chaque fois que quelque chose ne va pas, ça ne mange pas de pain et ça soulage. Ils nous servent de soupape de sécurité. Qui plus est, nos cris masquent un double message, une demande forte à être entendus, une invitation vive à réduire la distance entre le peuple et ses élites.

Enfin, ils c'est les autres, tous les autres. Dans "ils", nous rassemblons en gerbe tous ceux qui ne sont pas nous. Nous pouvons ainsi puisqu'ils n'ont pas de visage, les charger de tous les maux. Et Dieu sait si à ce jour l'invective tombe drue, opposant un quartier à un autre,un groupe à l'autre, une personne à l'autre.

Mais, qu'on y prenne garde, notre propension croissante à juger sans appel de tout et de tous porte en elle même un ferment de division. Subrepticement, l'autre devient l'adversaire, nous nous replions sur nous même et perdons le sens du collectif à un moment où celui ci nous devient plus que nécessaire.

Et méfions nous, si les autres sont "ils" pour nous, nous devenons aussi "ils" pour eux, et la dureté de nos jugements se retournera nécessairement contre nous.

Alors soyons un peu moins "ils" et un peu plus nous. Remplacons le pronom qui sépare par celui qui réunit.

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