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Violences sexuelles: la suppression de la prescription en débat
Présentée par Stéphanie Gallet

© BERTRAND GUAY AFP
La présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie réclame la suppression du délai de prescription des agresseurs.
#BalanceTonPorc : Derrière ce hashtag qui a fait le tour des réseaux sociaux se cachent les témoignages de femmes victimes de harcèlement de rue. Un problème pris très au sérieux par la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes qui a lancé une concertation auprès d'experts et une mission parlementaire pour discuter cette question. Marlène Schiappa espère ainsi pouvoir présenter un projet de loi concernant les violences sexistes et sexuelles au premier semestre 2018.
Améliorer la prise en charge des victimes
Le docteur Muriel Salmona se réjouit de cette prise de parole des victimes majoritairement féminines dans l'espace public, et de sa réception. Fondatrice de Mémoire traumatique et victimologie en 2009, elle réclame que ces femmes soient entendues. Une évolution des mentalités qui a mis longtemps à se mettre en place d'après le rapport Ipsos publié par l'association en 2016.
Actuellement, la justice enregistre seulement 10% de plaintes pour agressions sexuelles, qui conduisent à 1% de condamnations. D'après Muriel Salmona, cet écart est dû à "une culture de violence et de déni". "La société française commence à évoluer, mais il faut que tous les acteurs évoluent, au niveau des pouvoirs publics", affirme-t-elle. Ce progrès doit s'accompagner d'une législation qui traduirait, selon elle, "une détermination pour pénaliser et condamner ces actes-là."
"Il faut réformer la prise en charge juridique, politique, sociale, et médicale des victimes"
Supprimer l'impunité
Autre point de changement: le délai de prescription des crimes sexuels sur mineurs, actuellement fixé à 20 ans après l'agression. Si Marlène Schiappa estime qu'il doit être allongé à 30 ans, Muriel Salmona réclame sa suppression pure et dure. "Il ne faut plus d’impunité. La plupart des victimes de violences sexuelles sont mineures et vivent ensuite dans un brouillard de mémoire traumatique, explique la psychologue. 40% des victimes souffrent d'amnésie totale, et 60% d'amnésie partielle." Difficile donc d'estimer le temps nécessaire pour être capable de parler et dénoncer l'agresseur pour permettre une sanction.
"Il ne faut plus d'impunité. Avec le délai de prescription, on laisse des victimes sur le carreau."
Les conséquences d'un crime sexuel sont pourtant lourdes, voire vitales. En plus des séquelles psychologiques, la présidente de Mémoire traumatique et victimologie alerte des "risques de mort précoce" que de telles violences engendrent souvent chez les victimes. Elle présentera vendredi un manifeste contre l’impunité des crimes sexuels lors de sa rencontre avec la secrétaire d'État.
Invités
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Muriel Salmona, Présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie
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