La COP 28La Conférence sur l’avenir de la planète a démarré cette semaine à Dubaï.
Elle est présidée par le sultan al-Jaber, ministre de l’Energie et P-DG de la
compagnie pétrolière nationale d’Abou Dabi. Nous n’en sommes plus à un paradoxe près, quand on sait que l’Arabie Saoudite voisine doit accueillir bientôt les Jeux asiatiques d’hiver…
Le pape François est attendu à Dubaï. Espérons, si j’ose dire, qu’il
contribuera à remettre l’église au milieu du village ! « Si nous avons confiance
dans la capacité de l’être humain à transcender ses petits intérêts et à penser
grand, nous ne pouvons renoncer à rêver que cette COP28 conduira à une
accélération marquée de la transition énergétique, avec des engagements effectifs
et susceptibles d’un suivi permanent », écrivait-il dans sa récente exhortation
apostolique Laudate Deum sur la crise climatique.
Il s’agit déjà de la COP 28. Toutes celles qui ont précédé ont insisté sur la
nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais sans jamais
vraiment pointer leur cause : les énergies fossiles. Pour atteindre les objectifs
que l’on s’est fixés, ou du moins éviter des dérapages complètement incontrôlés,
car chaque dixième de degré compte, il n’y a pas 36 solutions.
Il faut, d’une part, agir sur l’offre, c’est-à-dire renoncer à retirer du sous-sol
les combustibles fossiles. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, la
neutralité carbone à l’horizon 2050 passe par la réduction de 75 % de la
production de pétrole, de 55 % pour le gaz et de 98 % pour le charbon. Pour ce
faire, aucun nouveau gisement ne doit plus voir le jour. Or, deux ONG françaises
viennent de recenser plus de 420 projets déjà en fonctionnement ou en phase de
démarrage, dont à terme l’exploitation ferait exploser le budget carbone
mondial.
Il faut aussi, d’autre part, agir sur la demande. Schématiquement, on ne peut
pas continuer, comme on le fait en France, à construire des autoroutes et à
fermer des lignes de chemin de fer…
Le double langage ne peut plus être toléré. Fabrice Bonnifet, président du
Collège des directeurs du développement durable, dans une récente tribune de
La Croix, pointe le besoin de cohérence, y compris pour les acteurs économiques.
On ne peut continuer de favoriser, voire de subventionner les énergies fossiles,
tout en appelant la main sur le cœur à sauver le climat. Il est nécessaire que la
COP décide d’un péage carbone, pour les importations de matières premières ou
de produits semi-finis. La moins-disance économique doit cesser de l’emporter
sur les critères environnementaux et sociaux. On attend de la classe politique
internationale qu’elle développe une vision et une régulation juste, la plus
harmonisée possible.