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150 médecins défilent à Angers : "Faire des consultations en dix minutes, c'est non !"

Un article rédigé par Marion Bastit - RCF Anjou, le 28 février 2023 - Modifié le 1 mars 2023
Reportages150 médecins défilent à Angers pour "défendre la qualité des soins"

Lundi 27 février 2023, près de 150 médecins généralistes ont défilé à Angers. Ils refusent de devoir prendre plus de patients pour voir passer le tarif de la consultation à 30 euros. Ils sont allés à la rencontre des Angevins pour faire signer une pétition.

Lundi 27 février 2023, près de 150 médecins généralistes ont défilé dans le centre-ville d'Angers pour dénoncer "la destruction du système de santé français". ©RCF AnjouLundi 27 février 2023, près de 150 médecins généralistes ont défilé dans le centre-ville d'Angers pour dénoncer "la destruction du système de santé français". ©RCF Anjou

Lundi 27 février 2023, près de 150 médecins généralistes ont manifesté dans le centre-ville d’Angers pour protester contre « la destruction du système de santé français ».

 

Ils répondaient à l’appel de la Coordination des médecins libres et indépendants de Maine-et-Loire (Comeli49), un collectif « apolitique et asyndical » qui regroupe aujourd’hui 370 praticiens.

 

Près de 150 médecins se sont rassemblés place du Ralliement, à Angers, lundi 27 février 2023. ©RCF Anjou

 

Rassemblés place du Ralliement à 14 h, les médecins sont allés à la rencontre des Angevins pour expliquer leurs revendications, qui vont bien au-delà d’une hausse du tarif des consultations.

 

"Je veux pouvoir embaucher des gens pour m'aider"

 

Blouse blanche enfilée par-dessus son manteau, Marie La Tour Gauvrit, généraliste à Angers, interpelle un couple de retraités. « Je ne veux pas forcément plus d’argent, je veux pouvoir continuer à centrer mon soin sur le patient », martèle-t-elle.

 

« Pour ça, je demande de l’argent pour pouvoir engager plus de secrétaires, des auxiliaires médicaux pour m’aider, et ainsi pouvoir prendre un petit peu plus de patients, mais peut-être pas autant que l’Etat me le demande », poursuit-elle.

 

Les médecins se sont regrpoupes dans le centre-ville d'Angers pour aller à la rencontre des passants. ©RCF Anjou

 

« Je veux pouvoir continuer à soigner mes patients en les connaissant. Si je vois mes patients cinq minutes, je ne les connaîtrai pas, je ne serai pas capable de les prendre en charge et je ferai des erreurs médicales », augure-t-elle.

 

"Pas d'infirmière pour renouveler mon ordonnance"

 

Elle n’a pas de mal à convaincre Nadine de signer sa pétition. Cette retraitée ne veut pas que la prescription soit déléguée aux infirmières en pratique avancée, comme le prévoit la proposition de loi Rist.

 

« Qu’une infirmière change un pansement, je veux bien, mais quand je vais faire renouveler l’ordonnance de mes médicaments, j’aime autant que ce soit un vrai médecin, que je ne vois que deux fois par an, qui fasse les choses », explique Nadine.

 

"Le coiffeur me coûte plus cher que le médecin"

 

Elle soutient une hausse du tarif de la consultation. « Je vais deux fois par mois chez le coiffeur, ça me coûte plus cher que si j’allais deux fois par mois chez le médecin, ce n’est pas normal. 50 euros, je trouve ça trop cher, mais 25, il ne faut quand même pas exagérer ! »

 

L’Assurance maladie propose de passer le prix de la consultation de 25 à 26,50 euros. « Une hausse d’1,50 euro, c’est vraiment faire l’aumône, juge Nadine. C’est honteux ! » « Ça fait quand même une baguette de pain en plus, une baguette de luxe, ironise Alain, son mari. Il reprend son sérieux : « C’est scandaleux. »

 

"Faire des consultations en dix minutes, c'est non"

 

L’Assurance maladie propose de monter le tarif de la consultation à 30 euros, mais uniquement pour les généralistes qui s’engageront à suivre 1 200 patients en tant que médecin traitant. Cela semble impossible à Elodie Gasnereau, généraliste à Longué-Jumelles.

 

« Ça veut dire travailler plus, alors qu’on fait déjà des journées de 12 heures, dénonce-t-elle. Je suis déjà 1 000 patients, donc en suivre 200 de plus, ça veut dire raccourcir mes consultations. Faire des consultations en dix minutes, c’est non. Moi je veux rester humaine. »

 

Une pétition signée par 1 500 personnes

 

« On ne fait rien en dix minutes, assure-t-elle. On dit bonjour, on explique le motif de la consultation, mais on n’examine plus. Moi je veux rester au cœur du soin, continuer à voir mes patients, à prendre la tension… Je ne veux pas déléguer ça à une infirmière. »

 

Après avoir fait signer leur pétition dans le centre-ville, les généralistes en colère ont défilé jusqu'à la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), rue Louis-Gain, où ils ont déposé les 1 500 signatures qu'ils ont recueillies.

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