C’était il y a un peu plus de trois ans. Du 5 au 8 mars 2021, le Pape François foulait le sol d’ Irak. Un voyage source de joie et d'espérance pour les chrétiens du pays. Mais les traumatismes laissés par les islamistes de Daech sont encore vifs dans les esprits. Le témoignage de Jean Casati-Ollier. Il est avec son épouse Pascale, en mission pour l’Oeuvre d’Orient en Irak.
Le nombre de chrétiens a littéralement fondu en Irak. Il y a une vingtaine d’années ils étaient 1,5 million. Aujourd’hui on en recense plus que 350 000. Si la visite du pape en Irak, il y a 3 ans, a apporté réconfort et espérance aux chrétiens d’Irak, la tentation de l’exode est grande car la réalité du quotidien est fragile et le traumatisme laissé par les islamistes de Daech encore vif.
Jean Casati-Ollier est, avec son épouse Pascale, en mission pour l’Oeuvre d’Orient en Irak. Au contact des chrétiens du pays il reconnaît "qu'au fond d’eux même, les chrétiens d'Irak savent que plus rien ne sera jamais comme avant. Il y a déjà plus d'une vingtaine d'années, l'Irak était un pays dans lequel toutes les religions vivaient relativement harmonieusement. Cette réalité a disparu et leur confiance a disparu. Jean Casati Ollier ajoute "que les migrations sont importantes car les chrétiens ont des relais à l'étranger."
Il y a des diasporas en Australie, au Canada, en Europe. Partir c’est pour eux avoir la possibilité de trouver un travail. Pour pouvoir se construire un avenir, certains ne voient pas d'autre solution que de l'imaginer à l'extérieur de l'Irak.
Mossoul est une ville martyre restée aux mains de Daesh entre 2014 et 2017. Les terroristes de l’Etat islamique en ont fait la capitale de leur califat pendant 3 ans. Ils ont semé la terreur et détruit le précieux patrimoine de cette ville qui fut un haut lieu du christianisme. Une tragédie qui freine aujourd’hui le retour des chrétiens. Pour Jean Casati-Ollier, “Mossoul est une ville fascinante. Autrefois, La vie chrétienne y était extrêmement importante.
Les traces de la chrétienté à Mossoul restent visibles mais la présence chrétienne est, quant à elle, réduite maintenant à sa plus simple expression.
Le directeur de l’Oeuvre d’Orient en Irak ajoute que les chrétiens ont massivement fui Mossoul. "Il ne reste qu’une centaine de familles dans la ville alors qu'autrefois elles se comptaient en milliers, voire en dizaines de milliers. Ils ont perdu la confiance qu'ils avaient autrefois," explique t'il. "Avant, personne ne se préoccupait de savoir si son voisin était musulman, chrétien. Tout le monde vivait comme il pouvait et simplement."
Ceux qui ont du quitter Mossoul n'arrivent plus à faire table rase de l'histoire. Ils n'imaginent pas pouvoir recommencer à vivre harmonieusement à Mossoul.
Jean Casati-Ollier ajoute que "malgré tout, certains croient pouvoir revenir et on aime à penser qu'ils ont raison. Nous voulons les aider et les soutenir, mais c'est quelque chose qui dépend de chaque individu et qui est très difficile à changer.”
Dans le cadre de leur mission pour l’Oeuvre d’Orient, Jean et son épouse viennent en aide à la population que ce soit dans le secteur de l’éducation, de la santé. Ils participent aussi à la reconstruction des églises détruites par Daech. A l’image de l'église Al-Tahira des catholiques et de l’église syriaque orthodoxe de Mar toma, au cœur du vieux Mossoul. Pour Jean Casati-Ollier "remettre des pierres les unes sur les autres, cela permet de manifester un signe et de répondre à l'inquiétude des chrétiens. Car ils se disent qu'on a voulu les effacer et qu'il faut maintenir la présence chrétienne dans une ville même s'ils ne sont plus très nombreux.”
Les chrétiens d’Irak dont les épreuves n’ont pas ébranlé la foi. Ils viennent de fêter les Rameaux et s’apprêtent à célébrer Pâques. "La célébration des Rameaux est l'une des fêtes les plus importantes," confie Jean Casati-Ollier. "Une manifestation qui est à la fois festive, populaire où l'ensemble du village, mais aussi de tous les gens qui sont liés à ce village, les gens viennent d'Australie, du Canada, des États-Unis, pour rejoindre leur famille à l'occasion de ce moment. Et là, tout le village fête les Rameaux pour rentrer dans la semaine sainte.
Ceux qui restent ont la foi qui se cheville à eux, parce qu'ils ne veulent pas renoncer à leur chrétienté irakienne, qui pour eux est vraiment la racine de leur identité.
Autre signe d’espérance pour la communauté chrétienne d’Irak, la construction d’une église à Ur dans le sud du pays, là d’où est issu, d’après la tradition, le prophète Abraham. Ses cloches ont retenti pour la première fois le 10 mars dernier et elle va accueillir sa première messe le dimanche de Pâques.
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