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4 ans de la guerre en Birmanie : un conflit oublié, par Antoine Besson

RCF, le 27 janvier 2025 - Modifié le 27 janvier 2025
Loin des yeux, près du cœur4 ans de la guerre en Birmanie : un conflit oublié, par Antoine Besson

LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MEKONG - Samedi 1er février 2025, cela fera 4 ans que durera la guerre civile birmane. Commencée après le coup d'Etat en 2021 contre le régime oppressif en place, elle a fait 30 000 morts. Antoine Besson, de l'association enfants du Mékong, revient sur ce tragique anniversaire.

Antoine Besson © DRAntoine Besson © DR

Cela fera 4 ans samedi prochain, le 1er février 2025. Cela fera 4 ans que les enfants birmans vivent dans la peur dès qu’ils entendent un moteur d’avion dans la jungle Karen. Cela fera 4 ans que des étudiants se font assassiner dans des rassemblements de désobéissance civile, que ces jeunes hommes et femmes prennent les armes pour protester contre la tyrannie et l’oppression d’une poignée d’oligarques en uniformes vert kaki. Cela fera 4 ans que des familles quittent les ruines d’un village incendié pour trouver refuge dans la jungle, dans un camp de déplacé ou à l’étranger… Vous l’avez compris, cette semaine, le 1er février, cela fera 4 ans exactement que l’armée birmane s’est de nouveau emparée du pays mettant fin à la parenthèse démocratique de la décennie précédente et faisant régner la peur dans tout le pays.

Une guerre méconnue

Il est vrai que cette guerre civile passe un peu sous les radars. Pourtant, les atrocités commises sur la population civile sont véritablement de nature à nous scandaliser. On parle ici d’un pays à peine moins peuplé que la France dont 30 % de la population souffre de détresse alimentaire. La junte militaire n’hésite pas à s’en prendre aux civils et parfois même au plus jeunes. Les écoles sont délibérément ciblées par les bombardements et sont désertées. L’ONU estime que les Birmans condamnés aux routes de l’exil pour fuir les conflits seraient plus de 3,4 millions, déplacés internes ou réfugiés dans d’autres pays.

Dans les villages, les tranchées avoisinent les habitations. Profondes d’un mètre, elles permettent à tous de se mettre à l’abri quand une bombe à fragmentation tombe du ciel. « Les avions survolent les villages, la nuit. Quand ils voient des lumières, ils lâchent des bombes. Ils veulent semer la terreur. Ils ciblent les écoles, les temples, les églises », explique l’un de nos responsables de programme. Normalement interdites, ces bombes à fragmentation explosent en touchant le sol libérant des milliers d’éclats qui se propagent à haute vitesse dans des directions aléatoires. En 2023, l’association Human Rights Watch soulignait que 95 % des victimes recensées de ce type d’armement étaient des civils dont 71 % sont des enfants.

De petits actes, qui font la différence

Ce n’est pas facile, mais c’est possible grâce au dévouement de personnes incroyables que nous ne pouvons malheureusement pas citer pour les protéger. Grâce à notre réseau d’écoles informelles et au soutien indéfectible de nos donateurs, Enfants du Mékong a permis à plus de 25 000 enfants de poursuivre leur scolarité malgré les dangers évidents de la guerre. Dans des régions où la violence est omniprésente, l’éducation est un rempart contre le désespoir. Elle protège les enfants des risques de recrutement forcé, de la drogue et du travail précoce.

L’éducation est un rempart contre le désespoir.

Cependant, maintenir l’école en temps de guerre est un défi immense. Un défi que nous ne pouvons relever que grâce à ces héros du quotidien, comme cette religieuse birmane, revenue dans son pays au début de la guerre pour aider des déplacés interne. Elle nous confiait il y a quelques mois : « Je ne les sauverai peut-être pas, mais au moins, je souffrirai avec eux ». Cette semaine, nous commémorerons 4 ans de guerre, mais aussi 4 ans de courage !

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Loin des yeux, près du cœur
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