L'Iran fête le 40ème anniversaire de la victoire de la révolution islamique. L'occasion de faire le point sur quatre décennies houleuses pour le pays.
L’Iran célèbre lundi 11 février le 40ème anniversaire de la victoire de la révolution islamique. Quatre décennies plus tard, le pays connait de nombreuses difficultés, sur le plan économique. Notamment avec le retour des sanctions américaines, mises en place en 2018. Mais aussi avec la dépréciation de la monnaie locale, le rial.
Selon le Fond Monétaire International, l’économie de l’Iran est entrée en récession en 2018. Et le PIB du pays devrait chuter de 4% en 2019. L'illustration d'une situation économique peu florissante, que décrit Amélie M. Chelly, docteure en sociologie religieuse et politique, spécialiste du monde iranien.
"On va dire qu’il y a une sorte de double mouvement. On avait cette vaste politique entreprise par Hassan Rohani. Le premier mandat c’était la signature des accords, l’ouverture à l’international. Et le deuxième mandat devait être celui des retombées, et des conséquences sur la population. Avec le retrait unilatéral de Trump, on se rend bien compte que les choses sont beaucoup plus compliquées. Il y avait aussi une véritable volonté de l’économie iranienne de s’assainir puisque sous les sanctions, il faut bien rappeler qu’il y a beaucoup de personnes qui se sont enrichies. Et Hassan Rohani voulait absolument aller à l’encontre de ces personnes en faisant une chasse aux corrompus. Sauf qu’avec ce retrait unilatéral, c’est toute une économique qui est à repenser" explique-t-elle notamment.
Aujourd'hui, la classe moyenne est plongée dans la pauvreté et les grèves et manifestations se multiplient. Pour Amélie M. Chelly, l’idéologie de cette révolution n’est plus présente à l’intérieur du pays, mais à l’extérieur. "La révolution c’était quelque chose qui était plein d’idéal. Beaucoup de jeunes se mobilisaient. Très vite il y a eu la guerre Iran/Irak qui a consolidé la République islamique avec tous ces espoirs, toutes ces mobilisations, et finalement un désenchantement très rapidement. On peut commencer à envisager les premiers désenchantements populaires aux alentours de 1989" ajoute-t-elle.
"Il en reste la structure, il en reste une idéologie très vivace, mais à l’extérieur des frontières, et c’est ça qui est surprenant. Le conflit syrien nous l’a bien montré. L’Iran est capable de lever des troupes au Pakistan, en Afghanistan, en Irak ou au Liban, sauf que sur place on est plus prêt à donner sa vie pour une cause parce qu’on en a fait les frais il y a quarante ans. Voila ce qui reste. C’est pour cette raison que l’Iran essaie de se réinventer en puissance régionale car le reste ne fonctionne plus" conclut Amélie M. Chelly.
À l’occasion de la commémoration, le président iranien, Hassan Rohani a promis l’échec des plans démoniaques de ses ennemis, comme l’Angleterre, Israël ou encore les Etats-Unis.
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