Le 3 mars 1983, Georges Remi dit Hergé s’envolait, laissant derrière lui un succès grandissant du journaliste à la houppette. Tintin, le reporter loyal qui n’hésite pas à parcourir le monde pour ses valeurs, a marqué l’histoire de la bande dessinée. Mais au fil du temps, certaines facettes du héros lui sont reprochées, pour des raisons essentiellement politiques et sociétales. Retour sur une aventure qui n'a pas fini de nous faire voyager.
Le 10 janvier 1929 signait le début des tumultueuses aventures du journaliste Tintin et de son fidèle compagnon Milou. Tintin c’est l'œuvre d’Hergé, qui a su créer de multiples histoires dans un univers qui nous est commun. 40 ans après la mort de l'auteur, le succès de la bande dessinée peut s’expliquer notamment par la multiplicité des niveaux de lecture. Dans les mains d'enfants, à celles d’adolescents, en passant par celles des adultes amateurs et des seniors, l'œuvre a une certaine capacité à satisfaire toutes les générations comme l'explique Renaud Nattiez, directeur de collection des éditions Mille sabords : "dans les albums, chaque lecteur a la possibilité de s'identifier au jeune reporter, et la régularité de l'œuvre rassure celui ou celle qui le lit".
Une réussite qui se traduit aussi par la qualité des récits, de l'écriture et des dessins. "Tintin additionne l’humour, l’aventure, l’action, les références historiques et géographiques. Lire ces livres nous fait voyager tout en nous cultivant" confit Renaud Nattiez. Il revient aussi sur l’importance de lire les albums dès la petite petite enfance pour comprendre et apercevoir la magie qui ressort des ouvrages et rappelle que la plupart des tintinophiles aujourd’hui ont plongé dans les aventures de Tintin dès le plus jeune âge. Néanmoins, le succès du reporter est marqué différemment selon les situations géographiques. "Tintin a un vrai succès dans beaucoup de pays, notamment en Europe, mais dans d'autres, cela ne fonctionne pas. L'ouvrage a d’ailleurs rencontré moins de succès en Amérique, car Tintin ne s’inspirait pas des super-héros qu’on avait l’habitude de rencontrer à cette époque" souligne Philippe Goddin, le président de l’association Les amis de Hergé.
Tintin a connu un succès mondial, mais il faut néanmoins noter les différences d’opinions d’un continent à l’autre. En effet, le côté simple et humain du journaliste a su accrocher les lecteurs européens. "Tintin ce n’est ni un saint, ni un super-héros. Il a des faiblesses et je pense que c’est pour cela qu’il a rencontré moins de succès aux États-Unis" explique Renaud Nattiez. On pourrait tout de même le qualifier de héros, car il est dans stala recherche connte de faire triompher le bien autour de lui. "Ce n’est pas un moralisateur, il n’impose pas une morale et ça, ça le rend humain" ajoute le directeur d’édition.
Les plus fervents lecteurs ne sont pas sans savoir que Tintin a toujours fait cavalier seul, sans femme, sans parents et sans famille. Les liens du sang ne sont pas mis à l’honneur dans l'œuvre de Hergé contrairement à l’amitié, proéminente dans les albums. "Tintin est un personnage seul, il rencontre les Dupondt, et ses relations vont évoluer tout au long de son aventure. Une famille s’est créée mais c’est une famille de cœur. Je pense que Hergé ne voulait pas que la famille soit un encombrement pour Tintin" avoue Philippe Godin. Hergé a également voulu rendre le personnage de Tintin le plus universel possible en le faisant parcourir le monde et découvrir de nombreuses cultures.
"Il ne faut pas s’arrêter à la couverture, il faut lire le livre" précise Renaud Nattiez, sur son livre Faut-il brûler Tintin paru ce mois de mars 2023, aux éditions Mille sabords. Il remet en cause certaines personnes qui ont manqué de respect à Hergé, en brûlant ses ouvrages au nom de la défense des cultures, parfois stéréotypées dans certains albums. Un auditeur met en avant l’album Tintin au Congo, vivement critiqué et jugé raciste. "Hergé ne voulait pas amener de politique, il affichait même son scepticisme. Tintin au Congo est l’un des premiers albums parus, il faut donc se mettre dans le contexte de l’époque car en 1930, la population était à majorité raciste" explique Philippe Goddin.
Beaucoup de pays ont d'ailleurs refusé et refusent toujours de traduire Tintin. "D’une certaine manière, ce qui fait la richesse de Tintin vient aussi des débats qu’a pu susciter l'œuvre" note finalement Renaud Nattiez.
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