Le nombre de sans-abri à Paris a augmenté de 16 % en un an, selon les chiffres recensés par la Nuit de la solidarité. Parmi ces nouveaux habitants de la rue, les enfants et leurs familles occupent une place de plus en plus importante. 3 000 enfants n’auraient pas de toit en France. Face à cette situation alarmante, des Lyonnais ont décidé d’occuper une ancienne école lyonnaise, l'école Montel, pour héberger 63 enfants et alerter les habitants. Un élan de solidarité qui n'est pas sans rappeler l'appel de l'Abbé Pierre, il y a soixante-dix ans.
Le 2 février dernier, la Fondation Abbé Pierre présentait son rapport annuel sur le mal-logement en France, dévoilant le chiffre exorbitant de plus de 330 000 personnes sans logement dont 3 000 enfants. Du jamais-vu. En 1954, lorsque l’Abbé Pierre lance son célèbre appel sur les ondes de Radio Luxembourg, 2 000 personnes sans abris dorment dans les rues de Paris.
Au bout du fil, le 115 est obligé de faire un tri. En novembre dernier, 7 500 personnes étaient chaque soir refusées en France faute de places d'hébergement d'urgence. Le Samu social doit prioriser. D'abord les femmes qui sortent tout juste de la maternité et les femmes victimes de violence conjugale.
Une situation alarmante, et pourtant la France n’a jamais eu autant d’hébergement d’urgence, près de 200 000 places. Un nombre qui aurait doublé en sept ans, se félicite le président de la République. Mais l’hébergement d’urgence se retrouve en bout de chaîne, victime collatérale de la crise du logement.
Selon la fondation Abbé Pierre, la « bombe sociale du logement » a explosé à cause de la gravité de la crise de 2023. Ralentissement des constructions de logements neufs, nombre croissant de demandeurs de logements sociaux, paupérisation d’une partie de la population française : en l’espace de vingt ans, le prix des logements a augmenté de 154 % d’après ce même rapport.
« Il en est de la responsabilité de l’État de faire en sorte que les maires appliquent la loi et fassent construire le bon nombre de logements sociaux sur leurs communes » martèle la députée écologiste du Rhône Marie-Charlotte Garin. En effet, d’après la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain, plus de 1 000 communes ont pour obligation de respecter des objectifs de construction de logements sociaux. Des objectifs quantitatifs qui n’ont été atteints que pour 37 % d’entre elles entre 2020 et 2022, d’après le ministère de la Cohésion des Territoires.
Dans la capitale des Gaules, en novembre dernier, 14 000 personnes dormaient à la rue. Une hausse de 50 % en un an selon Alynéa, le Samu social lyonnais. Parmi ces personnes, on compte beaucoup de familles et d’enfants. Le nombre d’enfant à la rue serait 7 fois plus important qu’il y a deux ans.
Pour ne pas rester les bras croisés face à ce drame, des enseignants lyonnais, des parents d’élèves et des habitants ont décidé d’occuper une ancienne école lyonnaise, l’école Montel, dans le 9e arrondissement. Ils mettent à l’abri depuis mi-janvier 112 personnes dont 63 enfants. Pour l’instant, c’est le collectif “Jamais Sans Toit”, à l’initiative de l’occupation, qui assure la gestion du lieu et la vie au quotidien. Une quarantaine de personnes, à tour de rôle, viennent distribuer un repas par jour et régler les problèmes du quotidien. Un investissement conséquent pour ces Lyonnais qui souvent ont un travail et une famille à côté, et qui ne sont pas formés à l'hébergement d'urgence.
Mi-février, le collectif Jamais Sans toit annonçait qu'une cinquantaine de personnes allaient être prises en charge par l'hébergement d'urgence d'ici un mois. La ville de Lyon s'engage, de son côté, à mettre à l'abri les autres familles pour les vacances d'été.
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