Venue chercher un nouvel élan en Normandie, la campagne menée par Les Républicains n’est pas au plus fort. Dissensions internes, évocation de la théorie complotiste du grand remplacement et accusations de Libération concernant des adhérents fictifs pour la primaire LR, la présidente de la Région Île-de-France a tenu un meeting patchwork samedi à Caen pour tenter de relancer sa campagne.
Les Normands, sont-ils toujours aussi modérés ? Ils étaient un peu moins de 800 personnes venues écouter la candidate du parti LR au centre des congrès de Caen samedi soir. Une majorité de militants qui demandaient à être convaincus par son programme et sa prestance. Certains nous ont confiées avoir été déçu par son précédent meeting, et espère la voir se relancer en Normandie. Ils étaient également très agressifs à l’évocation de l’enquête de Libération. Le quotidien a récemment relevé des « manœuvres frauduleuses visant à gonfler le corps électorales » à l'occasion de la Primaire de la Droite qui s'est tenue en décembre dernier. « C'est pas sérieux », « un non-sujet », « une idiotie » ou en encore « un mensonge », des positions qui rappellent la campagne de François Fillon.
Pour Joël Bruneau, le nucléaire garanti la liberté
Pour soutenir la candidate LR, une vingtaine d’élus normands s'est déplacée à Caen samedi soir. Le maire de Caen a accueilli sa candidate en rappelant l’identité de sa région : « Violemment modérée, mais totalement déterminée à défendre des valeurs auxquelles nous croyons. Et parmi elles […] la liberté ». Joël Bruneau a essayé de lier le programme de Valérie Pécresse cette notion en évoquant pèle-mêle la fermeture de Fessenheim ou l’éducation. L’évocation de la liberté en rappelle une autre, celle invoquée par Edouard Philippe. L’ancien Premier-ministre -qui a une influence grandissante en Normandie- exprime régulièrement son regret de la perte de cette valeur dans le camp de la Droite républicaine.
Hervé Morin, qui a accompagné la candidate LR en Normandie, a également essayé de peser sur la ligne de sa candidate. Le président de la Région, qui est officiellement son conseiller sur les questions économiques, s’est majoritairement exprimé sur les questions de relations internationales et reproche à Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour et Marine Le Pen une proximité avec Vladimir Poutine.
Les Normands séduits par un examen à l’entrée du collège
Un discours pot-pourri qui a survolé l’ensemble de son programme. 36 sujets abordés en une heure de discours. Le grand absent est l’évocation de la théorie complotiste du grand remplacement. À la sortie, les militants ont été marqué par les propositions de leur candidate sur l’école. « Exigence et égalité des chances », tonne Valérie Pécresse. La « dame de faire », comme elle se surnomme, insiste notamment sur l’apprentissage des mathématiques et du français. La présidente de la région Île-de-France propose l’instauration d’un examen à l’entrée du collège pour trier les élèves en difficultés dans ces matières : « Les élèves n’ayant pas réussi l’examen rentreront dans une 6ème de consolidation, parce que ça ne sert à rien d’apprendre la physique ou l’anglais quand on ne parle le français ». Une mesure qui, selon ses détracteurs, risque d’isoler les élèves issus des milieux sociaux les plus défavorisé.
La candidate LR souhaite mettre en place une « réserve éducative nationale, pour que les professeurs retraités et les étudiants puissent être rémunérés pour faire du soutien scolaire gratuit pour les familles qui n’ont pas les moyens ». Elle veut également que les professeurs soient à nouveau respectés et « qu’on se lève quand le professeur entre dans la salle ».
L’ombre d’Éric Zemmour plane sur les militants
Des militants qui étaient globalement convaincus par leur candidate, mais qui redoutent de ne pas être présents au second tour. Si tel était le cas, les Normands seraient divisés. Aucun militant croisé ne souhaiterait voter pour Marine Le Pen. Quelques-uns assurent qu’ils voteraient pour Emmanuel Macron. Mais beaucoup revendiquent sans ambages de soutenir Éric Zemmour en cas de second tour face au Président de la République : « Il faut que ce soit plus dur », « Il faut virer Macron » entendait-on à Caen samedi soir.
Même si Valérie Pécresse a tenu un discours plus modéré qu’il y a 15 jours à Paris, les militants normands semblent être sur une ligne plus dure que ce que le maire de Caen veut renvoyer de ses électeurs.
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