Depuis trois ans, des visites guidées sont organisées dans le centre d'échange de la gare Perrache. Souvent appelé « la verrue de Lyon », avec ses couloirs lugubres et mal desservis, son histoire intéresse pourtant les Lyonnais. Une initiative inédite en France qui rencontre son public.
C'est une visite guidée insolite dans un lieu ordinaire. Une heure pour arpenter les couloirs du centre d'échange de la gare Perrache à Lyon, ces lieux que l'on parcourt le plus rapidement possible sans prêter attention à ce qui nous entoure. Et à raison, ce bâtiment, sorti de terre dans les années 70, a vite été qualifié de "verrue", de "blockhaus" ou encore de "connerie du siècle". Les passants continuent de s'y perdre et de se poser cette question « comment en est-on arrivé là ? », à ce monstre de béton qui réunit une gare, une galerie commerçante, une station de métro, de bus et de taxis à quelques mètres d'une autoroute.
C'est avec cette question qu'une dizaine de Lyonnais se sont rendus, par un matin d'hiver, devant le centre d'échange de Perrache, déjà amusés par l'incongruité de la situation. Le ton est lancé dès les premières minutes par la guide, Clémence Pornon : « Nous allons parler de ce lieu extrêmement moche, nous allons traverser des endroits extrêmement glauques où ça sent mauvais et nous allons parler de tout ce qui a raté dans l'histoire de Perrache ».
Faire des visites sur les endroits moches, « C'est parti d'une blague pendant le confinement », se souvient Clémence qui a co-fondé il y a plus de dix ans l'agence de visites Cybèle : « On s'est dit que l'on venait de passer une année pourrie, alors pourquoi pas faire visite des lieux nuls ? », poursuit-elle. Surpris par le succès rencontré par ces visites d'un nouveau genre, Cybèle lance de nouvelles visites baptisées "Cymoche" autour de la gare de la Part-Dieu à Lyon à partir de février. Un concept qui pourrait bien faire des émules dans d'autres villes de France.
Il y a donc ces visites guidées lancées en 2020, mais il y a aussi des « anti-guides touristiques lyonnais » avec des photos d'endroits lugubres et des recommandations d'itinéraires saugrenus. Une idée née sous la plume de la Lyonnaise Raphaëlle Poyet, qui a auto-édité deux petits magazines, des fanzines qu’elle a appelés Lyon spleen, le sentiment que lui inspire ces lieux. Il y en a plusieurs dizaines, et on découvre ces petits détails étranges de l’urbanisme lyonnais : des statues pas toujours bien inspirées et mal mises en valeur, des petits ratés et des mauvaises idées.
Une manière de découvrir sa ville sous un nouvel angle. On y découvre, par exemple, que Lyon est doté d'un "Hollywood Boulevard" comme à Los Angeles, sauf que celui-ci est inconnu du grand public. Intitulé le "Nostalgie Boulevard", inauguré en grande pompe en 2003 par l'ancien maire de la ville, Gérard Collomb, au pied de la médiathèque de Vaise, les quelques plaques posées par terre sur lesquelles on retrouve les paumes de mains de nombreux chanteurs (Julien Clerc, Eddy Mitchell ou encore Gilbert Montagné) sont aujourd'hui piétinées. « Ce qui est drôle, c'est qu'on retrouve mégots et touillettes de café », remarque Raphaëlle Poyet, mais personne pour venir prendre la pose sur ce carrefour très emprunté par les voitures.
Un vrai échec qui fait sourire et qui est loin d'être le seul !
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