Le rassemblement "Au large avec Ignace" réunit à Marseille près de 7000 membres de la famille ignatienne. Un événement qui dure trois jours, autour la Toussaint, et marqué par un premier temps fort de rencontres avec des témoins marseillais. Reportage.
7000 personnes se sont réunies à Marseille samedi pour le début du rassemblement "Au large avec Ignace". Toute la famille ignatienne, des Jésuites, à la Communauté de vie chrétienne (CVX) en passant par le Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ), se retrouve pendant trois jours, jusqu’au lundi 1er novembre, pour célébrer le 500è anniversaire de la conversion de Saint-Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus et vivre la Toussaint. Un rassemblement marqué par une première journée de rencontres et d'ouverture à l'autre.
Presque personne ne se connaissait avant le début du rassemblement, dans l'église Notre-Dame du Mont, au cœur de la ville de Marseille. Venus des quatre coins de la France, parfois du Royaume-Uni ou même du Kenya, les participants ont été réunis aléatoirement dans différents groupes d'une dizaine de personnes. L'objectif de la journée : arpenter les rues de la cité phocéenne, selon un parcours relativement précis, à la rencontre de témoins. Une "église en sortie", comme l'ont voulu les organisateurs. Et un temps de réflexion sur les morts du Covid-19, les migrants morts en mer ou encore les morts psychiques, victimes d'abus sexuels au sein de l'Eglise.
Les fortes pluies ont toutefois compliqué le déroulé de cette première journée. Ainsi, plusieurs participants sont d'abord restés à l'intérieur de l'église. Ils ont pu d'abord rencontrer Laure et Benoît, deux paroissiens venus du Var, qui sont venus partager leur expérience de vie en Algérie et raconter leur engagement dans le dialogue islamo-chrétien. "J'ai beaucoup approfondi ma foi de chrétien au contact des musulmans, témoigne Benoît. C'est vraiment l'idée du dialogue."
Mais parfois, entre les désirs et la réalité, l'écart est relativement grand, regrette Monique, une participante qui vit depuis deux ans dans le quartier populaire de Belsunce à Marseille et qui n'y trouve pas toujours sa place. "Je me suis sentie démunie parce qu'il n'y avait pas de code culturel commun. [...] J'essaye déjà de garder le regard fraternel, de rester dans 'l'autre, enfant de Dieu' mais c'est difficile", souffle cette retraitée, membre de la Communauté de vie chrétienne (CVX).
Un peu plus loin dans l'Eglise, sœur Juliette, quant à elle, raconte sa vocation. Tout n'a pas toujours été facile pour cette Parisienne trentenaire, désormais Xavière. Dans sa jeunesse, plusieurs événements l'ont éloignée de l'Eglise, mais elle y est toujours revenue. "L'année de mes huit ans, j'ai fait ma première communion qui a été l'un des moments les plus beaux de ma vie. Ça a été un moment où j'ai senti un appel très fort, un appel de Dieu à me donner à lui", retrace-t-elle. Vareuse sur le dos, sœur Juliette ne cache pas son émotion de célébrer les 100 ans de la congrégation la Xavière à Marseille, la ville où elle a été fondée.
Elle est un témoin de cette journée, qui prend tout son sens au vu de la spiritualité ignatienne : l'ouverture aux autres, trouver Dieu en toutes choses... La jeune femme s'amuse des clichés qui entourent les religieuses, et les fait tomber un à un. Elle jongle entre sa communauté, son travail dans l'économie sociale et solidaire, l'accompagnement des jeunes au sein du diocèse et... ses spectacles de stand-up ! Sœur Juliette est aussi humoriste, et a bien conquis son public, pendu à ses lèvres au sein de l'église.
Après ces temps d'échange, le groupe est sorti arpenter les rues de Marseille et braver la pluie, guidé par Louis, un Marseillais membre de CVX. Sentir, goûter, contempler, se laisser surprendre, c'est l'invitation de saint Ignace dans les Exercices spirituels. Le groupe les a mis en œuvre en passant par le cours Julien, lieu alternatif de la ville où le graffiti est roi, puis au marché des Capucins, au sein du quartier populaire de Noailles, et jusqu'au Vieux-Port.
Les participants se sont surtout rencontrés entre eux, et se sont racontés leurs quotidiens, liés par la foi. Ils étaient invités, en fin de journée, à se recueillir à partir de 17 h 30, et à prier grâce à une méditation du père François Boëdec, provincial des Jésuites, et ce grâce à l'application "Prie en chemin". La pluie n'aidant pas à trouver un endroit calme et au sec, certains auront préféré la chaleur d'un bistrot pour refaire le monde. C'est aussi ça l'ouverture aux autres.
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