Une parole chrétienne au milieu d'une station de montagne, c'est l'originalité de la chapelle Notre Dame du ski à La Toussuire. Ici, chaque hiver, les vacanciers affluent afin de profiter des joies de la glisse mais aussi nourrir leur foi. Nous sommes allés les rencontrer en Maurienne.
Il est 16h30 lorsque, les visages rougis par la journée de ski, les vacanciers rentrent au presbytère reconverti en lieu d'accueil. "J'ai déjà quelques courbatures" grimace Odile venue de Bordeaux avec mari et enfants. Cette semaine, c'est un prêtre de région parisienne qui a donné rendez-vous à trois familles d'amis pour des vacances au ski. Avec les enfants, en tout ce sont quinze places qui sont occupées sur les vingt cinq que comptent les lieux. Ces temps de détente aux sports d'hiver, c'est une habitude pour le père Thomas Guist'heau "Cela fait 20 ans que j'écume les presbytères des Alpes et des Pyrénées avec des jeunes et des amis."
"J'ai déjà vécu ces expériences d'accueil" ajoute Odile, "Mais ici, il y a une vraie hospitalité. On se sent accueillis et reçus à la manière de pèlerins alors que nous sommes clairement en vacances !" Depuis la mort du prêtre il y a une dizaine d'années, Hugues Dufumier a repris l'accueil, bénévolement, sur demande de la paroisse. Ce goût pour l'hospitalité, cet ancien sismologue dit l'avoir depuis son passage à l'hospice du Grand St Bernard à la frontière italo-suisse.
Tout proche des premières remontées mécaniques du domaine, la chapelle Notre Dame du ski se fond tout à fait dans le paysage de la station de Maurienne. Petite taille, murs en pierre, toit en tôle, seul le clocher et la croix indiquent que l'on se trouve dans un lieu spirituel. "Au départ, la chapelle a été construite en bois, c'était le tout début des loisirs pour les locaux. Avec les incendies, on a préféré la pierre." raconte Hugues Dufumier. Si la chapelle est pleine en haute saison, les visiteurs sont aussi présents l'été. Parmi eux, des touristes souvent liés à l'Eglise mais aussi des prêtres qui viennent se reposer, des scouts ou des groupes des paroisses locales qui viennent séjourner un week-end. C'est différent pour les visiteurs de la chapelle, là il y a une grande diversité. "Ils apprécient le calme de la chapelle qui tranche avec le tumulte de la station."
Dès les premiers temps, l'accueil à Notre Dame du ski a eu une vocation sociale. "Le premier prêtre a reçu des groupes de jeunes de région parisienne, on les appelait les "paumés de la neige"." Raconte Hugues.
Aujourd'hui, encore le lieu fonctionne sur le mode participatif. En effet, pas de prix de séjour annoncé, les familles donnent ce qu'elles veulent et ce qu'elles peuvent. "C'est sur la base de l’échange et du don. On a toujours eu la volonté de permettre l’accès à la montagne à tous, même pas forcément pour skier mais juste offrir l’hébergement qui n'est pas toujours abordable. On espère accueillir prochainement des migrants." ajoute Hugues.
Lorsque le sismologue reprend les lieux, il y a beaucoup de travaux à faire et la paroisse n'a pas d'argent. Il décide de se lancer et les premiers accueillis participent à la rénovation des lieux. Des petits chantiers de peinture ou des plus gros, comme ceux que font les scouts trois à quatre fois par an. Ainsi ces derniers ont refait toute l'isolation de la chapelle. La simplicité de l'habitat a plu à Bertrand. Nantais, il est venu skier une semaine. "On est heureux de partager cette simplicité avec nos enfants et il y a tout le confort malgré tout."
Pour les vacanciers de passage à Notre Dame du ski qui sont des citadins, l'ambiance tranche. "Passer quelques jours ici, c’est une fenêtre ouverte sur la réalité de la nature que je ne connais pas. Je découvre comment les gens vivent ce rapport à la nature" indique le père Thomas Guist'heau.
La dimension de nature n'est pas naturelle admet Bertrand "On a une attitude de consommation de loisirs assez ancrée et venir ici c'est un début, très modeste, pour commencer à cheminer là dessus."
Sensibiliser les visiteurs de passage à la nature et à ses changements, c'est une autre des casquettes d'Hugues Dufumier "Nous avons un devoir de vigilance par rapport aux enjeux écologiques. Nous devons avoir une parole chrétienne, ce qui est assez originale dans ce monde de la station, une parole peut être un peu prophétique par rapport aux enjeux de l’avenir. Parfois, les chrétiens ferment les yeux sur la réalité."
Brigitte habite une maison secondaire dans la station depuis plus de 30 ans "On se retrouve ici en famille et ce lieu permet de connecter ensemble grâce au spirituel."
On nourrit à la fois, le corps en skiant, le coeur avec les amitiés qu’on partagent et l’âme en priant ensemble.
Avec l'arrivée chaque semaine de nouveaux vacanciers, Notre Dame du ski voit défiler au fil de la saison toutes les sensibilités de l'Eglise. Thomas Guist'heau est un prêtre de la communauté de l'Emmanuel "On ne vient pas juste consommer du ski mais aussi vivre quelques jours avec d’autres" et Brigitte de conclure "On rencontre des prêtres de partout, c'est une grande richesse!"
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !