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À Saint-Malo, un navire de pêche géant symbole de la crise de la surpêche

Un article rédigé par Cécile Pollart - RCF, le 14 février 2024 - Modifié le 15 février 2024

La compagnie des pêches de Saint-Malo a acquis il y a quelques mois un nouveau chalutier usine de fabrication de surimi, l’Annelies Ilena. Plusieurs associations de défense de l’environnement appellent à manifester, ce jeudi, dans la cité corsaire, à la veille du vote par la Région Bretagne, d’une nouvelle feuille de route sur la pêche, critiquée par des défenseurs de l’environnement.

"Annelies Ilena" par  Happy picture pages est sous licence CC BY 2.0 DEED"Annelies Ilena" par Happy picture pages est sous licence CC BY 2.0 DEED

Il mesure 145 m de long, pour 24 m de large, et son filet de 600 m lui permet de capturer 400 000 kilos de poissons toutes les 24 heures. L’Annelies Ilena est le plus gros chalutier du monde. Il est désormais exploité par la Compagnie des pêches de Saint-Malo. L’armateur malouin a investi 15 millions d’euros  pour remplacer son ancien chalutier-congélateur, le Joseph Roty II, “dans un projet de partenariat qui va être déployé pour l’exploitation des quotas de merlan bleu alloués à la Compagnie des pêches de Saint-Malo”, expliquait la compagnie, dans un communiqué en décembre dernier.

Une nouvelle usine qui fabrique du surimi à partir du merlan bleu a ainsi été installée sur ce chalutier de l'armement polonais Atlantex, filiale du groupe de pêche néerlandais Parlevliet & Van der Plas. Sa taille ne lui permettant pas d’entrer dans le port malouin, l’Annelies Ilena gardera son port d’attache aux Pays-Bas. C’est par bateau que le poisson sera acheminé par container jusqu’à l’usine de Saint-Malo.

Surnommé le “navire de l’enfer”

Le bateau a derrière lui un passé sulfureux. Il a été surnommé le "navire de l’enfer” par les pêcheurs, en Mauritanie, en raison de ses pratiques jugées "destructrices" par les ONG.  “C’est un non sens écologique, social, et économique, peste Laetitia Bisiaux, chargée de projet pour l’ONG Bloom qui appelle, avec l’association Pleine mer, à manifester, ce jeudi, sur le port de Saint-Malo.

"Son filet mesure 600 m, l’équivalent de deux tours Eiffel ! Ce gigantisme est impressionnant. Quand vous avez le filet qui pêche une centaine de tonnes de poissons en quelques dizaines de minutes, la ressource est menacée."

Pour la chargée de projet de l’ONG, la question de la répartition des quotas est “extrêmement injuste. Les gros bateaux vont concentrer les quotas, et les pêcheurs artisans vont ramasser les miettes.”

La Bretagne vote sa nouvelle feuille de route

Les associations opposées à ce modèle de pêche n’ont pas choisi au hasard la date de leur manifestation. Ce vendredi, le conseil régional de Bretagne doit voter une nouvelle feuille de route halieutique à l’horizon 2027 qui "déroule, selon le communiqué de l’association Pleine mer, un tapis rouge à la pêche industrielle à fort impact écologique et social, sans la moindre considération pour la préservation de la pêche artisanale et des écosystèmes marins.
Il s’agit, selon le Conseil économique, social et environnemental (Ceser) de Bretagne, qui a rendu un avis sur cette feuille de route le 5 février dernier, de “décliner de manière stratégique et opérationnelle l’accompagnement des filières pêche et aquaculture, à la fois dans une réponse immédiate aux crises, et dans la durée, pour assurer leur nécessaire transition et accroitre leur capacité de résilience” en une cinquantaine d’actions, parmi lesquelles un plan d’entrée de flotte de navires décarbonés.
 
Cette feuille de route est “une catastrophe, réagit Laetitia Bisiaux. On rouvre les vannes qui ont essayé de limiter la surpêche. On va permettre la construction de navires neufs alors même que cette construction avait été interdite en 2002, et que par ailleurs la France a cassé des dizaines de navires subventionnés dans le cadre du Brexit."
Le rassemblement de ce jeudi débutera, à 10h30, à la sous-préfecture de Saint-Malo, avec une chaîne humaine représentant la taille du filet de l’Annelies Ilena (600 m).

Edit du 15 février à 10h15 : La réaction du président du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais Girard : "Ce projet n’a rien à voir avec la Région Bretagne, ni avec la pêche que je défends. La Bretagne, c’est 1200 navires et 4300 marins-pêcheurs, soit trois par navire en moyenne. La Bretagne, c’est 75% de bateaux de pêche de moins de 12 mètres, 2% de plus de 33 mètres. La Bretagne, c’est la pêche de proximité qui résiste encore face à la pêche mondialisée. La feuille de route Halieutique (pêche et aquaculture) que nous présentons cette semaine en session du conseil régional vise à soutenir ce modèle de pêche durable qui travaille constamment à limiter son impact environnemental et améliorer les conditions de vie de ses marins."

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