À Trévoux, le projet de parc à thème sur les dinosaures n’en finit pas de faire réagir. Depuis plusieurs mois, des collectifs de citoyens se mobilisent pour faire annuler ce projet. Ils dénoncent un « saccage écologique » et un non-sens historique ; là où le maire de la commune défend un projet porteur pour le tourisme et l’économie. Une polémique qui dépasse les frontières de cette petite commune de l’Ain, à 40 kilomètres de Lyon, puisqu’un militant écologiste bien connu a rejoint la mobilisation samedi 13 avril.
Samedi 13 avril, une nouvelle manifestation a eu lieu à Trévoux, aux abords du futur parc Dinopédia. Alors que les travaux ont commencé, les citoyens et militants écologistes ont été rejoints par Thomas Brail, le fondateur du groupe national de surveillance des arbres (GNSA) qui avait été très médiatisé au moment de sa grève de la faim contre le projet d'A69 entre Toulouse et Castres. Une intervention qui donne davantage de résonnance à cette polémique, née il y a plus d’un an.
Tout a commencé en mars 2023, lorsque la municipalité prend la décision de fermer l’espace de baignade et de loisir des Cascades. "C'était un site qui générait un déficit de fonctionnement entre 250 et 300 000 euros et qui aurait demandé au moins un million et demi d'investissements", explique le maire Marc Péchoux. Outre cet aspect financier, le maire étiqueté Union au centre et à droite estime que cet espace aquatique avait "un impact écologique extrêmement négatif parce qu’il consommait 30.000 mètres d’eau, 10.000 litres de Javel et autant d’acide chlorhydrique".
Il valait donc mieux remplacer le site par autre chose. Alors lorsque la commune a été approchée par Philippe Lopez, le dirigeant du Dinopédia de La Grand-Combe, du côté d’Alès dans le Gard, les élus se sont rapidement projeté sur un projet de parc à thèmes. "Ça nous a paru intéressant. On est allé visiter le parc et là on a été définitivement convaincus de l'intérêt de ce projet en termes de pédagogie et puis en termes de clientèle accueillie, parce que c'est une clientèle familiale et notre but c’est qu’elle aille ensuite visiter le patrimoine de Trévoux mais aussi celui de la communauté de communes Dombes Saône Vallée", ajoute celui qui en est aussi président. Il assure par ailleurs que les acteurs du tourisme local soutiennent le projet et que des partenariats sont en cours de création, notamment avec le Parc des Oiseaux de Villard-les-Dombes.
Mais cet argument touristique et économique ne convainc pas les habitants, du moins les quelques 1000 personnes qui ont signé une pétition pour s’opposer au Dinopédia. En plus d’estimer que ce parc ne leur bénéficiera pas, qu’il provoquera des nuisances sonores et visuelles et qu’il n’a rien à voir avec l’histoire et le patrimoine de Trévoux, ce collectif craint "un saccage écologique".
"On impacte une zone naturelle, c'est notre écosystème qui est en train d'être saccagé", dénonce Nathanaël Duffit-Ménard, membre et avocat du collectif « Non aux dinos ». Il déplore que ce parc soit installé à quelques dizaines de mètres de deux zones humides et que plusieurs arbres aient été abattus sans raison. Faux, rétorque le maire de Trévoux qui assure "qu’aucun arbre sain n’a été abattu pour le projet" et que les 19 abattus "ont fait l’objet d’un diagnostic qui a été transmis à la direction départementale des territoires qui a autorisé leur abattage ou leur débitage sur place". Il assure par ailleurs qu’aucune nouvelle infrastructure ne sera construite pour le site.
Outre ces enjeux environnementaux, les opposants dénoncent "l’impunité" autour de ce projet qui aurait démarré sans aucune autorisation préalable selon eux. "Tout est en train de se faire sans autorisation, sans demande de permis de construire, sans permis d'aménager, sans aucune étude d'impact, alors qu'on est sur un site naturel qui possède des espèces protégées", déplore Maxime Meyer, le chef de file des élus écologistes au conseil régional, lui aussi vent debout contre ce projet. Le maire de Trévoux rétorque : "nos opposants ont fait cinq recours en référé depuis deux mois, ils les ont tous perdus. Donc s'il y avait quoi que ce soit comme inégalité, je pense que les juges se seraient prononcés d'une autre façon".
Enfin, les opposants pointent "le taux à prêt zéro" dont bénéficierait le promoteur au travers de la vente à terme. Marc Péchoux au contraire, estime "qu’il n’y a pas plus protecteur que ce statut de vente", puisque la commune reste propriétaire des lieux pendant douze ans, avant de céder définitivement le terrain au gérant du parc. D’ici là, ce dernier versera chaque année 100.000 euros.
Même si les travaux ont déjà commencé sur le site, le collectif Non aux Dinos ne compte pas baisser les bras avant l’abandon définitif du projet. De son côté, le porteur de projet prévoit d’ouvrir le parc Dinopédia cet été. 150.000 visiteurs sont attendus chaque année.
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