
Emmanuel Macron et Donald Trump se sont rencontrés hier à Washington au 3ème anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Malgré d’énormes divergences sur le fond, les deux présidents ont assuré vouloir travailler ensemble en vue de mettre fin à la guerre pour une paix durable lors d'une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche. Emmanuel Macron a toutefois estimé qu'un accord de paix ne pouvait signifier une "capitulation" de Kiev, et a insisté sur la nécessité d'apporter des "garanties de sécurité" pour éviter que le président Vladimir Poutine ne repasse à l'attaque. Donald Trump lui, mise avant tout sur son dialogue avec le président russe Vladimir Poutine pour faire cesser les combats. Eclairages avec le Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l'ONU , spécialiste des relations internationales et auteur de D'un Monde à l'Autre (Editions Robert Laffont).
La rencontre entre les deux présidents a été scrutée par beaucoup, à commencer par Volodymyr Zelensky. Après des échanges entre Américains et Russes et entre la France et ses alliés européens, Emmanuel Macron était reçu hier à la Maison Blanche. Là, il s’est entretenu avec le président Trump sur le chemin à suivre pour interrompre, voire mettre fin à la Guerre en Ukraine. Celle-ci dure depuis maintenant 3 ans et Emmanuel Macron veut voir dans son échange avec le milliardaire un “tournant” qui pourrait bien mener à la paix. Pour autant le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l'ONU , spécialiste des relations internationales et auteur de D'un Monde à l'Autre (Editions Robert Laffont), voit surtout entre Macron et Trump deux visions divergentes de l’avenir ukrainien.
Donald Trump est un milliardaire et un homme d’affaires, et il ne manque pas de le rappeler, même en matière de politique étrangère. Déjà sur le dossier israélien, il avait évoqué la possibilité de faire de la bande de Gaza une station balnéaire, vantant ses qualités géographiques. Désormais il entend pouvoir récupérer les métaux précieux du sol ukrainien. Les gains serviront à rembourser les dépenses américaines occasionnées par la guerre en Ukraine. Le général Dominique Trinquand y voit une constante de Donald Trump. “Trump, c'est la comptabilité et le remboursement des dettes. Il n’y a que l'argent qui compte.” La clause permettant aux États-Unis d’exploiter les sous-sols ukrainiens est, pour l’heure, non-négociable dans les ébauches de traité de cessez-le-feu. “Quand Trump parle de l'accord avec l'Ukraine sur les terres rares, le président Macron ne le reprend pas là-dessus, tout simplement parce que ce n'est pas la peine de le reprendre. C'est une non-discussion possible avec lui.”
Trump, c'est la comptabilité et le remboursement des dettes. Il n’y a que l'argent qui compte.
350 milliards de dollars : c’est la somme que l’exécutif américain entend se faire rembourser par l’Ukraine. L’Europe fustige. Selon ses comptes, les États-Unis n’auraient donné ou prêté que 150 milliards. La différence révèle une différence de mentalité. Le général Trinquand rappelle que “les Américains comptabilisent tout”. Le renvoi de forces américaines en Pologne, les avions mobilisés, le renseignement, Starlink qui est loué par les Américains : tout est noté sur la facture que Donald Trump présentera à Volodymyr Zelensky. Avant le cessez-le-feu et la paix, les Américains dresse l'addition et en font leur priorité. Les bons comptes font les bons amis.
De son côté, l’Union Européenne semble prioriser la paix durable et à tout prix. Pour le Vieux Continent, un accord de cessez-le-feu ne suffirait pas. Dominique Trinquand y voit une forme de peur. “Les Européens ne veulent pas d'un cessez-le-feu sans une paix derrière. Ils pensent que s'il y a un cessez-le-feu, à un moment ou un autre il sera rompu et on reviendra à la guerre.” Pas question donc d’exiger maintenant des garanties de remboursement pour l’Union Européenne. Pour autant, le coût de la paix pourrait être encore plus élevé pour l’Ukraine. Le Vieux Continent est prêt à remodeler les frontières et à toucher à l’intégrité territoriale de l’Ukraine pour mettre fin aux affrontements. C’est ce que laisse présager le dernier vote aux Nations-Unies. À l’heure actuelle 20% du territoire ukrainien est sous contrôle russe, et il pourrait le rester. La manière pour l’Europe de concilier les intérêts russes et ukrainiens.
Our common objective with President @realDonaldTrump is to build a solid and long-standing peace. The USA and France will always stand on the same side of history. pic.twitter.com/No3wYAMiDI
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 24, 2025
Mais pour l’heure aucun accord n’est conclu. Les principales puissances mondiales sont encore en phase de pourparlers. Si Emmanuel Macron se montre optimiste sur l’aboutissement prochain de ces-derniers, l’avenir de la guerre en Ukraine est incertain et repose pour partie entre les mains de Donald Trump.
Chaque matin, Pierre-Hugues Dubois reçoit une personnalité au cœur de l’actualité nationale ou internationale. Décryptage singulier de notre monde et de ses enjeux, mais aussi découverte d’un parcours, d’un engagement. Au cœur de la grande session d’information du matin, une rencontre quotidienne pour prendre de la hauteur avec bienveillance et pour donner du sens à l’information.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !