Accompagner des détenus sur les routes de Compostelle : témoignage de Karim Maloum

Accompagner des détenus sur les routes de Compostelle

C’est un projet un peu fou que Bruno Lachnitt a initié en 2015 : permettre aux détenus qui le souhaitent de marcher dix jours sur les routes de Saint-Jacques de Compostelle avec un accompagnateur. Un pari qu’a osé ce diacre du diocèse de Lyon, aumônier national catholique des prisons depuis septembre 2021.

"C’est une belle aventure que l’on partage aussi avec nos frères les personnes détenues." Aumônier de prison dans le diocèse d’Autun, Patrice Sarrazin est accompagnateur. "On marche tous les jours ensemble, raconte-t-il, on admire le paysage, on souffre ensemble. On partage un vrai moment familial, je dirais, de communauté."

On dit que l’incarcération fait mal mais la libération fait aussi très mal quand on n’est pas préparé. Et donc je pense que cette marche prépare à la libération

Une histoire d’amitié

C’est ainsi que Patrice Sarrazin s’est lié d’amitié avec Karim Maloum. Ancien braqueur, figure du grand banditisme, il a passé quatorze ans en prison. En 2017, il s'est lancé sur les chemins de pèlerinage. "On dit que l’incarcération fait mal mais la libération fait aussi très mal quand on n’est pas préparé. Et donc je pense que cette marche prépare à la libération."

D’un père musulman et d’une mère catholique, Karim Maloum n’était pas pratiquant dans sa jeunesse. Il a choisi la religion chrétienne après ce pèlerinage. "Je définissais les trois religions monothéistes : les musulmans comme la sagesse, les juifs comme le savoir et les catholiques comme l’amour. Donc je me suis tourné vers l’amour et donc voilà j’ai été attiré par la religion catholique. J’ai rencontré des gens qui m’ont inspiré."

La marche pour aider la réinsertion

Désormais installé au Cap d’Agde, Karim Maloum a gardé le goût de la marche. En 2023, il a parcouru les plus de 1000 km qui mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est aussi est devenu lui-même accompagnateur pour les détenus entre Le Puy et Conques. "J’ai un rôle utile dans cette marche parce que j’ai connu les deux côtés", dit-il.

Karim Maloum a aussi le désir de faire de la prévention, notamment auprès des jeunes. "Je me rends compte que j’ai eu mille vies, donc je veux en faire quelque chose… Éviter que certains jeunes tombent dans les dérives dans lesquelles je suis tombé." L’ancien braqueur de la "Dream Team" affirme aujourd’hui : "La richesse c’est les autres."