France
Le choc est toujours palpable au sein du mouvement Emmaüs. Un rapport publié vendredi fait état de 17 agressions sexuelles qui auraient été commises par l'Abbé Pierre. Cette révélation crée un malaise profond parmi les salariés et bénévoles du mouvement. Difficile désormais d'être associé à ce fondateur devenu embarrassant, nous dit Fatima Parret, directrice d'Emmaüs à Bussières-et-Pruns dans le Puy-de-Dôme.
"En tant que directrice d'Emmaüs, je suis effondrée..." Voici les premiers mots de Fatima Parret au téléphone après les nouvelles révélations concernant l'Abbé Pierre. Au total, 24 témoignages recueillis pointeraient des faits d'agressions sexuelles et de viols de la part du co-fondateur du mouvement.
L'onde de choc est toujours présente, tant marcher dans les pas de l'Abbé était naturel pour celle qui dirige la communauté dans le nord du Puy-de-Dôme, non loin de Riom. "Ce qui nous motive, c'est tout de même ce travail qu'il a fait, son héritage... Aujourd'hui, nous ne savons plus quoi faire de cet héritage !"
L'héritage est en effet devenu un fardeau, à en écouter Fatima Parret. Il est désormais difficile de trouver une ligne de crête entre la transparence sur les faits et la continuité du mouvement : "Je pense bien évidemment à toutes ces femmes, nous sommes très touchés... Mais à la fois, sur cet héritage, Emmaüs, c'est quelque chose d'important ! La lutte contre la misère, c'est un combat qu'il a mené pendant des années, et que nous continuons. Aujourd'hui, nous souhaitons continuer à agir !"
Mais pour aller de l'avant, la question de se séparer de cette "figure de marque" que représente celui qui a longtemps été l'une des personnalités préférées des Français se pose. Ici, dans le nord du département, la réponse semble avoir été trouvée : "Chez nous, il y a l'envie de se dissocier. Nous avons une très grande fresque qui accueille les visiteurs sur notre mur, devant nos locaux, et nous avons très envie de l'enlever. Nous allons d'ailleurs organiser une réunion de l'association pour discuter de l'avenir. Ce qui est sûr, c'est que nos bénévoles sont très gênés par rapport à ça..."
Après ces nouvelles accusations, Emmaüs par la voix de son directeur Adrien Chaboche, a ouvert la voie à une possible indemnisation des victimes. Il a également précisé que la ligne d'écoute des victimes resterait ouverte jusqu'à la fin de l'année "à minima".
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