Lors de son confinement en Terre sainte, Mgr Philippe Barbarin a pris le temps d’écrire son livre "En mon âme et conscience" pour dire sa vérité sur l'affaire Bernard Preynat, un prêtre condamné pour agressions sexuelles sur des enfants scouts entre 1972 et 1991 à Sainte-Foy-lès-Lyon. Le cardinal Barbarin a été relaxé dans cette affaire. "Je pense qu’il y avait une distance nécessaire" pour "jeter un regard sur cette immense souffrance", explique l'archevêque émérite de Lyon, désormais aumônier dans le diocèse de Rennes.
Dans cet ouvrage, le cardinal Barbarin livre un récit personnel et raconte cette "incroyable souffrance" à laquelle il a été confronté. "Tu ne peux pas esquiver une telle souffrance, elle a quelque chose qui te transforme. Toute l’Église en souffre. C’est une blessure infligée à toute cette famille", confie-t-il.
Alors que "l’affaire Preynat" est devenue "l’affaire Barbarin", le cardinal dit l'avoir vécue comme une injustice mais il comprend tout de même cette réflexion. "Le choc est tellement énorme que quand quelqu’un a fait ça il faut que l’Église soit condamnée. Il fallait que quelqu’un paye et c’est tombé sur moi", regrette Mgr Philippe Barbarin, qui a eu le sentiment d’avoir été "manipulé adroitement".
Mgr Barbarin assure n’avoir rien su à son arrivée à Lyon puis d’avoir appris qu’il y avait "des problèmes". "J’ai toujours dit que je pensais que je n’étais pas coupable de ce qu’on m’accusait", assure le cardinal. Mais il admet certaines de ses responsabilités : « J’aurais dû dire immédiatement "je veux savoir" ». Quand il a reçu pour la première fois une victime, il entendait "cette énorme souffrance" mais il s'interroge: "Pourquoi moi je n’ai pas fait cela depuis le début en demandant à Bernard Preynat ce qu’il s’est passé ?" Il regrette de n’avoir pas été "assez combattif".
Le cardinal Barbarin l’assure: "On savait ce qu’on devait faire pour des faits actuels mais pas sur des faits anciens". C’est pour cela qu’il est allé au Vatican demander l’avis du pape François. Désormais, il sait que tout prêtre ayant commis ces faits doit être écarté de toute responsabilité pastorale.
"C’est quelque chose qui restera jusqu’à la fin de mes jours parce que j’ai été dans cette tempête". Mgr Philippe Barbarin s’est rendu compte de la souffrance des victimes, qu’il a rencontrées et dont il a lu les lettres. Une souffrance dont il se demande "comment elle peut guérir".
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