Le travail des journalistes en Afghanistan est devenu "extrêmement périlleux". Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire s’inquiète en particulier du sort des femmes journalistes afghanes. L’ONG a demandé la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU spécifiquement sur la situation des journalistes en Afghanistan.
Le travail des journalistes est devenu "extrêmement périlleux" depuis la poussée des talibans il y a quelques semaines, explique Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF. "Une centaine de médias ont arrêté de travailler." Jusqu’à présent les journalistes pouvaient se réfugier à Kaboul, mais actuellement ils se cachent, "quand ils ne cherchent pas à fuir", dit-il.
RSF, qui vient en aide aux journalistes qui souhaitent quitter le pays, dénonce "une forme de double discours américain". Les forces américaines "bloquent l'aéroport de Kaboul", qui reste inaccessible. Les autorités avaient pourtant annoncé que les journalistes, tout comme les défenseurs des droits de l’homme, seraient sauvés...
Le porte-parole des talibans a annoncé qu’il n’y aurait aucune menace sur les journalistes lors d’une récente conférence de presse. Malgré cela, "on ne peut avoir que le plus grand scepticisme", juge Christophe Deloire. "Les talibans d’aujourd’hui pourraient être un peu différents, c’est-à-dire loin de ce que l’on peut espérer je pense mais un peu différents de de ceux de 1996- 2001..."
Le secrétaire général de RSF rappelle "l’oppression presque totale" entre 1996 et 2001 où "les médias étaient interdits". Au cours des dernières années les talibans "ont largement attaqué les journalistes". RSF a déposé plainte en juin dernier auprès de la cour pénale internationale (CPI) "pour assassinats de journalistes l’an dernier : il y a en a eu à près de 10 et les talibans y avaient une bonne part". Récemment, "des talibans ont fouillé les maisons d’au moins quatre journalistes, deux auraient été tabassés à Jalalabad"...
"Il y a un grand péril pour ces femmes journalistes afghanes", s'inquiète Christophe Deloire. "On a besoin aujourd’hui d’un plan d’action, d’un plan d’urgence pour les journalistes… notamment les journalistes femmes en Afghanistan."
RSF a demandé hier la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité spécifiquement sur la situation des journalistes. Cela "permettrait que les États membres de l’ONU au-delà même de ceux du Conseil de sécurité puissent lancer un plan pour sauver les journalistes qui demeurent sur place, les protéger, aider ceux qui veulent partir se protéger à l’étranger et puis, c’est évidemment essentiel, assurer la pérennité du journalisme afghan, y compris lorsque des rédactions, parce que ça va être le cas, se relocaliseront dans les pays limitrophes". Classé 122e sur 180 au classement de la liberté de la presse, l’Afghanistan ne doit pas devenir "un trou noir de l’information", conclut Christophe Deloire.
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