Jeudi 1er février se tenait le sommet européen extraordinaire consacré à l’Ukraine, les États
membres de l’UE devaient se prononcer sur une aide financière à hauteur de 50 milliards d’euros
en quatre ans. L’ordre du jour a cependant été modifié suite à l’intensification du mouvement de
colère des agriculteurs. Environ 1300 tracteurs bloquaient les rues du quartier européen dans la
journée. Vers 17h30, tous s’en étaient allés, déçus.
Mardi déjà, une délégation de la FUGEA, la Fédération Unie de Groupements d’Éleveurs et
d’agriculteurs, était reçue par les pouvoirs publics régionaux à Namur. « Nous avons rencontré les
deux ministres chargés de l’agriculture et de l’environnement, Willy Borsus et Céline Tellier. », précise
Yves Vandevoorde, coordinateur politique de la FUGEA. « Cela nous a permis d’avoir la certitude que
le gouvernement wallon n’allait pas ratifier le traité de libre-échange avec le Mercosur et nous avons
également reçu la garantie d’une simplification des démarches administratives ». Rassurée par la
Région wallonne, la FUGEA veut maintenant se faire entendre par l’Europe d’où leur présence à la
manifestation de ce jeudi.
Les agriculteurs belges n’étaient pas les seuls à se rassembler devant les institutions européennes.
Une délégation d’environ 500 Italiens appartenant au syndicat agricole Coldiretti avaient fait le
déplacement depuis le sud de l’Europe pour porter haut et fort leurs revendications. Revendications
qui ne sont pas si éloignées de celles de nos manifestants belges. « Nous voulons pouvoir produire
dans le respect de la biodiversité, avoir un secteur agricole fort et durable, mais ce n’est pas possible
de nous imposer ces normes environnementales et d’importer des produits étrangers qui ne les
respectent pas », confiait un cultivateur italien. « Avec la concurrence déloyale qu’engendrent les
accords de libre-échange, il est de plus en plus difficile pour nous de préserver et de développer notre
label Made in Italy ».
Plusieurs personnalités politiques se sont rendues place du Luxembourg en soutien au mouvement.
Des députés wallons et fédéraux, des eurodéputés espagnols. Au détour d’un tracteur, Benoît
Lutgen, eurodéputé Les Engagés et Yvan Verougstraete, tête de liste du mouvement pour les
prochaines élections européennes. Ce dernier comprend la colère des agriculteurs : « Quand on
demande aux gens de faire des efforts, mais qu’on ne donne pas les moyens de remplir les tâches
qu’on leur demande, c’est normal d’être en colère ». Pour lui, l’Europe a été trop loin en acceptant
une mondialisation dérégulée : « On est pris dans une spirale de concurrence indéfinie qui nous tire
vers le bas et ça, on doit le corriger, avec des clauses miroir, avec de meilleurs mécanismes de
régulation aux frontières. Il n’y aura pas de transition écologique si elle n’est pas sociale ». Des
propositions qui semblent allées dans le bon sens, encore faut-il les respecter et les mettre en
application.
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