Le soixantième salon de l’agriculture a ouvert ses portes samedi 24 février, dans une ambiance électrique, en pleine crise agricole. Un contexte tendu qui pourrait susciter la lassitude ou le désespoir, mais le député PS et ancien agriculteur, Dominique Potier, veut garder foi en un futur aussi positif pour les agriculteurs que pour l’environnement.
Malgré les heurts à l’ouverture du salon samedi 24 février, le salon est « un moment de bonheur » que Dominique Potier ne raterait pour rien au monde. L’ancien agriculteur bio et désormais député socialiste de Meurthe-et-Moselle, y passe d’ailleurs sa semaine entre conférences et débats. « J'ai retrouvé le salon qu'on aime, c'est un forum, un lieu où on dialogue, où des idées se confrontent, où des productions et des régions se croisent. C'est la grande fête du de la gastronomie et de l'agronomie », se réjouit-il.
Pendant ses déambulations dans les allées du parc des expositions, Dominique Potier a ainsi pu échanger sur les annonces faites par le gouvernement ces derniers mois, et en l’occurrence sur celle du prix plancher, annoncé par Emmanuel Macron hier. Outre « son étonnement » devant cette mesure qu’il assure avoir porté de longue date avec les socialistes, le député appelle à « repartir de la base, du paysan. Il faut construire un juste partage de la valeur ».
Et de préciser : « l'enjeu finalement c'est de partager la valeur pour que tout le monde puisse vivre dignement. Ce ne sont pas les paysans contre tous les autres, ce sont les paysans, payés dignement mais également tous ceux qui travaillent dans la grande distribution ou dans l'agroalimentaire, et qui parfois ont des maigres salaires et des conditions de travail très dégradés ».
Cette juste rémunération est possible selon lui. Mais elle doit aussi se faire avec les consommateurs, qui doivent « réapprendre à payer au juste prix leur nourriture », estime-t-il, tout en appelant à nouveau à un partage des ressources, avec les consommateurs qui seraient en difficulté financière.
Après 25 ans de travail à la ferme, Dominique Potier a acquis une conviction, celle de la nécessité d’une « souveraineté solidaire ». Un mot qu’il reprend de la juriste et écrivaine Mireille Delmas-Marty et qui prend tout son sens en cette crise agricole. Le gouvernement ayant répété à l’envi sa volonté d’affirmer la souveraineté alimentaire, et donc agricole, de la France.
Cette souveraineté solidaire, c’est « faire une exception agricole qui sortent des traités de libre-échange et rentrer dans de nouvelles formes de coopération », explique-t-il. Cette coopération est indispensable face au défi mondial qui est de nourrir 10 milliards d’habitants, rappelle-t-il en insistant sur le caractère « éthique ». Pour cela, il faudra « apprendre à partager la terre, la valeur et nos ressources », illustre-t-il.
Pour l’ancien militant du Mouvement rural de jeunesse chrétienne, la juste rémunération des agriculteurs et la coopération du monde agricole ont un objectif commun : « sauvegarder notre maison commune ». Un message porté entre autres par le pape François, devenu une figure tutélaire en matière d’écologie. « Je pense qu'il y a un lien indéfectible entre la dignité de la personne humaine et la sauvegarde de notre maison commune », affirme-t-il, sensible à cette vision.
Et même s’il y a « parfois de quoi désespérer dans la vie politique » avec les mécanismes de construction/reconstruction, Dominique Potier veut en tout cas garder espoir : « il y a une bataille culturelle qui progresse. Il y a des idées qui étaient totalement éloignées de nous et qui aujourd’hui sont dans le langage commun », dit-il en évoquant le juste échange ou l’agroécologie.
Cette génération Laudato Si est peut-être minoritaire, mais elle est certainement le sel de la vie et peut-être l'espoir du monde.
Cet espoir, l’ancien fermier le puisse dans la jeunesse qui innove, qui tente, qui mutualise et qui réinvente. « Cette génération qui me donne de l’espoir, c’est une génération Laudato’Si, sourit-il, elle a intégré cette recherche d'une cohérence éthique profonde entre notre métier de paysan et les limites planétaires ». Et même s’il admet qu’elle est encore minoritaire, cette génération est pour lui « le sel de la vie et peut-être l’espoir du monde ».
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