Un an après la mort de Jacques Chirac, Alain Juppé raconte sa relation avec l’ancien président de la République dans son livre "Mon Chirac, une amitié singulière" (éd. Tallandier). Ancien Premier ministre, ancien maire Les Républicains de Bordeaux et désormais membre du Conseil constitutionnel, Alain Juppé témoigne de l'homme politique tel qu'il l'a connu.
Alain Juppé se souvient parfaitement de sa première rencontre avec Jacques Chirac, alors Premier ministre. C’était en 1976, à Matignon. "J'étais jeune haut fonctionnaire, je venais de quitter l'Inspection générale des finances pour m’engager dans une carrière au ministère des Finances lorsque j'ai reçu un coup de fil du directeur de cabinet du Premier ministre". C’est alors qu’il a rencontré Jacques Chirac. "Ce qui m’a frappé c’est la stature du personnage et l’énergie qu'il dégageait", raconte-t-il.
Puis, en 1995, Alain Juppé est nommé Premier ministre par Jacques Chirac. "Il y avait cette confiance, ce respect mutuel entre nous, qui fait que les choses ont duré jusqu’à la fin", se souvient Alain Juppé avec émotion.
Si l'image que l'on retient souvent de l'ancien président est celle de la force tranquille, "celui que j’ai connu au début c’était le chef de parti, presque le chef de guerre. Il avait une énergie extraordinaire", raconte Alain Juppé. "Avec le temps, les choses ont évolué, il y a eu l’Élysée et à ce moment-là son souci principal c’était moins la conquête du pouvoir que le rassemblement des Français", concède-t-il.
Cette capacité d'action a d'emblée séduit Alain Juppé. "C'était d’abord un républicain et aussi un homme convaincu qu’il fallait changer notre modèle de vie et de développement", en prenant comme exemple la phrase "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", prononcée par Jacques Chirac en 2002 à Johannesburg au Sommet de la Terre.
Jacques Chirac a agi dans bien des domaines. "Il a professionnalisé nos armées. Aujourd’hui on n’enverrait pas des conscrits pour faire l’opération Barkhane". Il a permis l’entrée de la France dans l’euro. "Une position très courageuse", aux yeux de son ami. Enfin, "c'était un homme très attentif aux plus fragiles", citant la création du SAMU social, avec Xavier Emmanuelli en 1993.
Ce qui a marqué Alain Juppé, c'est aussi la profonde empathie de Jacques Chirac. "Il avait cette façon de s'intéresser aux autres", connaissant tous ses électeurs en Corrèze. "Je l’ai vu à plusieurs reprises passer des coups de fil à des hommes et des femmes en difficulté. C’était son élan de générosité naturel et sincère", se souvient Alain Juppé.
Pour Alain Juppé, "il y a des enseignements à tirer de cette longue vie politique", citant sa conception de la laïcité. "Il avait cette conception d’une laïcité à deux visages : la liberté de chacun de choisir sa religion et le fait qu’aucune religion ne puisse pas imposer à la République".
Enfin, Jacques Chirac "était chrétien au fond de lui-même". Un énième point commun avec son ami Alain Juppé, "nourri dans l'Église catholique, très attaché à l'institution et au message évangélique", conclut-il.
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