Ces jours ci se terminent ce mois un peu particulier, appelé “Janvier sec” chez nous, “Dry January” ailleurs. Cette nouvelle mode est née, comme beaucoup, dans les pays anglo-saxons, cette fois-ci non pas aux Etats-Unis, mais en Angleterre, en 2013.
Il faut dire, pour avoir vécu à Londres, que la culture de la boisson alcoolisée, notamment dans les pubs, y est très impressionnante. Le fameux binge drinking qui signifie une alcoolisation massive et rapide y fait des ravages. En France, c’est une avocate qui a importé l’initiative il y deux ans à peine et elle fait déjà des émules. Et aussi polémique.
Je ne sais pas vous, mais moi j’ai tenté l’expérience. Et j’ai en partie échoué, je le reconnais humblement. Décider de ne plus boire une seule coupe de champagne ou un seul verre de vin, du 1er au 31 janvier, et tenir bon s’est avéré trop difficile. Mais, même à demi ratée, le défi du Mois sans alcool vaut le détour. Parce qu’il permet de mesurer sa consommation et d’être beaucoup plus vigilant sur sa dépendance. Ce qui est aussi très révélateur, c’est de redécouvrir la culture de notre pays où boire -on est un joyeux luron- n’a pas du tout la même connotation que fumer -on est ringard. Et pourtant...
Rappelons qu’en 2018, 41.000 décès en France ont été imputables à l’alcool. Il demeure la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac et est à l’origine de 7% du nombre total de décès de personnes âgées de plus de 15 ans. Il est responsable de 40% des cancers évitables. Pourtant les associations se débattent seules pour faire connaître ces faits et encourager à modérer sa consommation. Le Mois sans alcool n’est pas soutenu par les pouvoirs publics, qui ont reculé sur le sujet. C’est dommage. Éclairer, rappeler des chiffres clés ne signifie pas rejeter en bloc toute la culture française, comme le dénoncent la filière viticole, qui craint l’interdiction à bas bruit ! A Cana l’eau changée en vin reste synonyme de convivialité et de fête. Tout est question de curseur et de modération. Mettons-nous ce mantra dans la tête : pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours. Pourquoi ne pas tenter le défi, en février, mars ou avril. A votre convenance!
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