Alerte à la montée de la corruption en France.
Le 14 mai, la commission d’enquête sénatoriale sur les narcotrafics s’alarmait d’une montée de la corruption de certains agents publics et privés. Gros plan sur un phénomène encore limité, mais en progression.
La situation est encore loin de ce que l’on peut voir en Amérique du Sud ou dans certains pays européens. Mais la corruption se développe en France a constaté la commission d’enquête sénatoriale sur les narcotrafics dans son rapport publié le 14 mai. "Un certain nombre de signes montre que les trafiquants cherchent à corrompre" explique Etienne Blanc, sénateur LR du Rhône et rapporteur de la commission.
Le marché de la drogue n’a cessé de croître ces dernières années dans l’Hexagone. Le chiffre d’affaires est estimé par le sénat à 3,5 milliards d’euros. Un tel montant facilite l’achat de fonctionnaires ou d’agents pour fermer les yeux ou obtenir des informations. Cela se traduits par des consultations excessives de fichier par des policiers pour renseigner des malfaiteurs, des containers habilement soustraits au contrôle douanier, et même des greffiers soupçonnés d’avoir été rémunéré pour faire traîner des dossiers.
Judith Allenbach, juge d’instruction et secrétaire permanente du syndicat de la magistrature, constate elle aussi une évolution inquiétante : "Ce n’est pas rare d’être en proie au doute dans d’enquête parce que par exemple, une décision n’a pas été notifiée dans les délais ou une interpellation a échoué. On assiste aussi à l’ouverture d’enquêtes sur des faits de corruption concernant toute la chaîne pénale : surveillants pénitentiaire, policiers, et même dernièrement une magistrate."
Les narcotrafiquants ciblent des agents plus fragiles que d’autres. "Mais les malfaiteurs profitent de failles et de la dégradation continue de nos services publics" estime Judith Allenbach et selon elle le garde de sceaux, Eric Dupont Moretti, est "dans le déni" par rapport au phénomène.
"On a été naïf ! On pensait avoir qu’on avait les moyens d’action. Ce qui manque, c’est la détermination. Il faut décloisonner les services pour faire circuler les informations et renforcer les moyens" estime Patrick Lefas, président de Transparency International France une ONG de lutte anticorruption.
Face à la montée de cette corruption. La commission d’enquête a fait plusieurs préconisations pour prévenir ce risque. "C’est parfois un signal très faible, un surendettement un accident de la vie. Il faut que ces informations remontent dans les services pour anticiper. Si on ne le fait pas, on expose les agents à une tentation" indique Etienne Blanc. "La lutte contre la corruption doit devenir une priorité. Ces petits cas de corruption additionnés les uns aux autres représentent un risque majeur" souligne le sénateur.
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