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Allons-nous manquer d'eau ?

Allons-nous manquer d'eau ?

Un article rédigé par Le Jardin des Sciences - RCF Alsace, le 12 février 2025 - Modifié le 12 février 2025

Au carrefour des préoccupations liées à la crise environnementale, l’avenir de l’accès à l’eau, potable ou non, soulève des questions. Ressource essentielle à notre survie, comment se la partager lorsqu’elle se fait plus rare ? 

Il y a presque deux ans, le 30 mars 2023, le gouvernement français annonçait le lancement d’un « plan eau » organisé autour des axes stratégiques suivants : organiser la sobriété des usages de l’eau, optimiser la disponibilité de la ressource, préserver la qualité de l’eau, et enfin être capable de mieux répondre aux crises de sécheresse. Alors, sur les plans nationaux et régionaux, où en sommes-nous aujourd’hui ? Comment aborder ce défi majeur en évitant les raccourcis inhérents à certaines idées reçues sur l'eau et sa gestion ?

 

 

Regards croisés de 

Rémi BARBIER -> professeur de sociologie et gestion de l’eau à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (ENGEES)

Benoît GRANDMOUGIN -> directeur de l’Eau, de la Biodiversité et du Climat, Région Grand Est

Sara FERNANDEZ -> chercheuse en géographie à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE)

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Les alertes sur les risques de manque d’eau ne sont pas nouvelles. Ces risques se posent à différentes échelles spatio-temporelles. Aujourd’hui, nouvelles menaces sur la ressource et l’accès à l’eau pour tous avec le dérèglement climatique. Cette intervention brosse un panorama de ces menaces et des possibilités d’y faire face.

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Quels futurs pour la ressource en eau dans notre pays ? 

En Région Grand Est, les étés sont plus secs et chauds tandis que les hivers sont plus doux et humides avec la même quantité d’eau annuelle mais répartition différente. Les deux risques principaux sont le manque d’eau en été et les inondations hivers et au printemps, ainsi due les vagues de chaleurs plus longues et intenses. Les tensions s'exacerbent, les territoires sont différemment touchés. Les défis de la sobriété et du partage sont au premier plan, avec le gouvernement qui met des solutions en place comme le Plan Eau.

Quels sont aujourd’hui les usages de l’eau et comment fait-on pour se la partager en France ? 

 

Partons de ce que tout le monde connaît : les restrictions d’eau en été, pilotées par les services de l’État (police de l’eau). Il n’y a plus assez d’eau pour satisfaire tous les usages anthropiques sans porter atteinte au milieu. C’est donc la fin d’une logique d’abondance, mais avec un État qui peine à connaître les usages et les volumes prélevés et à réguler la demande en eau . Il est plus complexe que d’agir sur l’offre d’eau par des ouvrages hydrauliques. 

Il y a par ailleurs des territoires où le manque d’eau est structurel, comme le sud-ouest depuis plusieurs décennies. Alors, comment y faire face ?

 

De manière plus structurelle, pour les zones en tension chronique, une planification locale concertée (‘parlement de l’eau’) permet d’améliorer la connaissance, d’organiser le partage de la ressource, de mettre en débat les efforts pour rétablir un équilibre entre usages et le milieu 

 

Mais cela reste compliqué. Il subsiste des conflits multiples sur la détermination de la quantité d’eau à se partager et sur la répartition de l’effort de sobriété. De grandes difficultés à mettre en débat la légitimité des usages de l’eau et ne pas gérer que des prélèvements, mais cela reste possible. Au final, l’eau potable n’est pas très importante quand on regarde les grands chiffres et pourtant c’est une conquête sociale et sanitaire majeure aujourd’hui également menacée.

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Comment peut-on garantir durablement l’accès à l’eau potable pour tous en France ?

Plus on cherche des molécules, plus on en trouve, une course-poursuite perdue d’avance si on ne mise que sur le traitement curatif. Il est nécessaire de porter une plus grande importance aux approches prophylactiques. Des territoires ont mis en place des démarches pilotes encourageantes sur la réduction préventive des pollutions. On retrouve ici la difficulté à mettre en débat la légitimité de certaines pratiques au regard de leurs impacts sur la qualité des milieux.

On connaît des solutions mais le changement doit être porté politiquement, accompagné financièrement et socialement, intégré aux autres politiques. Pour plus de résilience des territoires : freiner le cycle de l’eau / végétaliser / infiltrer/recharger. 

Il faut dépasser 'l’enjeu eau', afin de développer des actions transversales favorables aussi à la captation carbone, à la biodiversité, aux paysages, à la résilience agronomique et à la santé. L'utilisation de haies, prairies permanentes, zones humides, végétalisation est primordial

 

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