Qui n’a pas encore entendu parler de Soif, le vingt-huitième roman de l’écrivain au chapeau ?
Dans la matinale RCF déjà, Isabelle de Gaulmyn a évoqué le dernier livre d’Amélie Nothomb, parce qu’il a à voir avec le christianimse. Mais revenons au livre : Soif aurait pu tromper les fidèles de l’écrivain qu’on sait grande amatrice de champagne. Soif, c’est ici l’une des dernières paroles du Christ en croix. Soif, c’est « L’évangile selon Nothomb », c’est la confession d’Amélie. Certains voudraient s’en offusquer sans avoir lu une ligne de ce nouveau roman particulier que l’auteur qualifie comme étant le « livre de sa vie ».
Et pourquoi pas l’écouter ? Jésus n'appartient ni à Paul, ni à Jean, ni aux catholiques, ou plutôt il est tous, même aux écrivains, cinéastes, peintres, artistes, et rien n'empêche chacun de dire (son) Jésus. D’ailleurs, l’évangéliste Jean l’annonçait, chapitre 21, verset 25 : « Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait. »
Amélie Nothomb ne prétend pas faire de la théologie : côté littérature, comment peut-on parler de ce livre ?
D’abord, les écrivains n’ont pas attendu l’auteur de Soif pour écrire ces « vies de Jésus » qui marquent la littérature depuis le XIXe siècle, mais on pourrait évoquer aussi les « mystères » du Moyen Age ou le cinéma. Ensuite, « la littérature ramène au plus près de la source évangélique, là où se formule la question que Jésus lui-même posait à ses auditeurs : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? », précise le dictionnaire de quelque 2400 pages « La bible dans les littératures du monde », sous la direction de Sylvie Parizet, éditions du Cerf.
Enfin, très souvent dans ses romans, Amélie Nothomb reprend, digère, détourne, triture les grands textes mythiques, les contes de notre humanité. Et la Bible c’est AUSSI un trésor littéraire de l’humanité… Pas étonnant qu’elle s’y intéresse…
Disons qu'il bouscule peut-être la foi des chrétiens, mais le premier "dérangeur" de nos certitudes, n’est-ce pas Jésus lui-même ? Mais parlons encore littérature : on aime ou pas le style d’Amélie Nothomb. En racontant la crucifixion à la première personne, elle met le lecteur face à cette réalité crue de l’agonie. Rien de trop, une écriture brève, incisive, dépouillée, presque froide et ironique, qui donne « à voir » avec une certaine distance, et des accents tragiques. On aime, ou on n’aime pas, mais « Soif » n’est pas le livre d’une autre Amélie, c’est du Nothomb tout craché.
Pourquoi Jésus crucifié ? Elle nous le confiera ce soir, dans Au Pied de la lettre, à 21 heures sur RCF.
Je reçois Amélie Nothomb avec le pasteur et théologien protestant Antoine Nouis.
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