C'est un rapport préoccupant que présente Amnesty International. L'ONG décrit la vie quotidienne dans les zones de la Syrie contrôlées par les groupes d'opposition au régime de Bachar Al-Assad. Certains de ces groupes, localisés près d'Alep, Idlib et leur région, sont soutenus par le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Turquie, les Etats-Unis ou la France. Amnesty International indique que les groupes armés violent le droit international humanitaire. Le document de l'ONG lève aussi le voile sur certaines pratiques administratives et judiciaires dans ces territoires.
Amnesty International cible cinq groupes armés : le Mouvement Nour al Dine Zinki, le Front al Shamia, la brigade 16, le Front al Nosra et le Mouvement islamique Ahrar al Sham. Les trois premiers ont rejoint la coalition de groupes armés "Conquête d’Alep" (Fatah Halab) en 2015. Les deux derniers se sont associés à la coalition de "l'Armée de la conquête" à Idlib. Selon l'ONG, les civils des territoires contrôlés par ces groupes rebelles vivent dans la peur. "Les groupes menacent les populations d'enlèvement en cas de critique", explique Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International. Le rapport recense 24 enlèvements entre 2012 et 2016.
Les groupes armés mettent également en place leur propre système judiciaire fondé sur la Charia (loi islamique). Ils érigent des bureaux chargés des poursuites, des forces de police et des centres de détention non officiels. Deux groupes particulièrement, le Front al Nosra et le Mouvement islamique Ahrar al Sham appliquent une interprétation stricte de la charia. Les peines pour des infractions présumées prennent donc parfois la forme d'actes de torture.
Le rapport pointe aussi les exécutions sommaires perpétrées par les groupes armés. Un adolescent accusé d'être homosexuel, une femme soupçonnée d'adultère ou encore des soldats du régime syrien ont été mis à mort, certains en place publique. Amnesty rappelle que le droit international humanitaire interdit l'homicide délibéré de personnes retenues en captivité. Les agissements de ces groupes constituent par conséquent des crimes de guerre. L'ONG appelle donc les pays de la coalition internationale à faire pression sur ces groupes. Amnesty International presse aussi le Qatar, l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et la Turquie, entre autres, de cesser les livraisons d'armes aux groupes rebelles concernés. Nina Walch, coordinatrice pour les conflits armés d'Amnesty International souhaite aussi que des sanctions soient prises à l'encontre des dirigeants des groupes armés concernés.
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