Cent jours après le début de la guerre en Ukraine, la Pologne, pays voisin, accueille plus d'un million de personnes déplacées. Et trois millions d’ukrainiens ont transité par le pays. Une paroissienne d’Annecy aide l’Eglise polonaise à accueillir cette population. Une histoire d’amitié et de solidarité internationale.
Quand la guerre éclate le 24 février, Joanna Front est marquée par ces images d’une population qui fuit. "Mes arrières grands-parents et grands-parents ont bougé entre Pologne, Ukraine et Slovaquie. Nous sommes tous frères ou cousins! J'ai ressenti un vrai élan, un besoin d'aller au plus près". La sophrologue franco-polonaise part dans son pays d’origine, avec une association annécienne qui apporte de l'aide matérielle et prévoit de revenir avec des personnes fuyant l'Ukraine.
A la frontière ukraino-polonaise, Joanna, qui fréquente la paroisse du Christ-Ressuscité à Annecy, rencontre le Père Marek. Ce prêtre polonais dirige la pastorale de la famille, pour l’archidiocèse de Przemyśl. Joanna est touchée par cette communauté chrétienne et tous les bénévoles. Ils se démènent pour accueillir au mieux, dans l’urgence. "Au début, nous avons passé des nuits à transporter ces réfugiés depuis la gare jusqu'à des lieux d'hébergements, proposés par la ville, les congrégations, etc." raconte le Père Marek.
Avec l’enlisement du conflit, l’archidiocèse s’organise. Il faut trouver de nouveaux lieux d’hébergement. Et des solutions pérennes, pour les déplacés ukrainiens qui veulent rester en Pologne ou se réfugier dans d’autres pays d’Europe. Joanna donne un coup de main: "La situation est dynamique, la pastorale familiale s'est adaptée en permanence. Il a fallu créer des partenariats, trouver du mécénat, communiquer... pour pouvoir aider au mieux ces personnes sur le terrain". Un accueil qui serait impossible à assurer sans les bénévoles polonais, européens et même américains! Et sans l'aide financière de fondations, associations et personnes privées.
De quoi bousculer le quotidien du Père Marek. "Il ne dort pas beaucoup!" note Joanna. "Je crois que cette situation est une grâce pour notre Eglise! C'est l'occasion d'expérimenter une vraie charité" affirme le prêtre. "Je vois le Christ dans chacune de ces personnes ukrainiennes qui quitte sa maison". Joanna, elle, a décidé de s’engager durablement aux côtés de l'archidiocèse frontalier. Elle gère des actions à distance depuis Annecy et part régulièrement en Pologne, pour des séjours de plusieurs jours ou semaines. "J'ai toujours été engagée et c'est là que je m'épanouis!". Actuellement, deux cents personnes sont hébergées dans les centres de l’archidiocèse. Et plus de huit cents personnes ont été aidées pour trouver un endroit où loger durablement, en Pologne ou en Europe. Le département de la Pastorale des Familles de l’Archidiocèse de Przemyśl a toujours besoin de bénévoles et de dons pour poursuivre cette action.
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