Médaillé d'or en descente aux J-O de 2006, le skieur haut-savoyard chute trois semaines après. Antoine Dénériaz met un terme à sa carrière plus tôt que prévu. C'est le début d'un parcours de reconversion non-anticipé, que le champion raconte sans tabou.
"C'est extraordinaire de réaliser un rêve d'enfant, puis de voir les émotions que cela a procuré à tant de gens..." Antoine Dénériaz a toujours les yeux qui s'illuminent, quand il parle de sa descente à ski du 12 février 2006, celle des Jeux-Olympiques de Turin. Sa médaille d'or, encadrée, trône aujourd'hui dans le show-room de son entreprise, au bout du Lac d'Annecy.
Mais entre la médaille et la création d'entreprise, le parcours n'a pas été rectiligne! "Trois semaine après les J-O, j'ai chuté en Suède. Je me suis fait très peur, quelque chose s'est brisé. La saison suivante a été un calvaire. Je progressais techniquement, mais dès qu'il y avait de la vitesse, j'avais la boule au ventre." Le plaisir ne reviendra pas. Antoine Dénériaz officialise sa retraite sportive le 5 décembre 2007. Une retraite qu'il n'a pas du tout anticipée: "j'ai mis un terme à ma carrière plus vite que prévu, je pensais avoir encore quelques belles années après les Jeux".
"Les semaines qui ont suivies, je voyais tout le monde suivre le rythme de l'équipe, des courses. Le train filait et je restais à la gare!". Mais pas question de rester inactif! Soutenu par sa station de Morillon et ses partenaires, le champion olympique commente des compétitions, devient ambassadeur de son équipementier, participe à la candidature d'Annecy aux J-O. Antoine Dénériaz se replonge aussi dans des études: il choisit le marketing international.
"Ce n'est pas facile de trouver sa voie, mais c'est plein de surprises: fruits du hasard, de la persévérance, de rencontres. Finalement, avec le sport de haut-niveau, j'avais appris à me remettre toujours en question! " En 2009, le skieur lance sa marque de matériel sportif. Et en 2018, il réussit une levée de fonds pour racheter des machines et s'associer avec Alain Zanco, expert dans le développement de skis. Une manufacture de skis haut de gamme est née. Antoine Dénériaz dirige l'entreprise.
Seize ans après, la reconversion improvisée d'Antoine Dénériaz semble aussi brillamment réussie que la descente de Sestrières. Mais le champion reste humble et prudent: "j'adore diriger l'entreprise, c'est passionnant. Mais ce n'est jamais gagné... surtout en temps de Covid. Revenez me voir dans cinq ou dix ans, pour faire le bilan!".
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