Après l’attaque de drones et de missiles lancée par l’Iran sur Israël dans la nuit du 13 au 14 avril 2024, le régime iranien est toujours très impopulaire mais la critique est réprimée selon la sociologue franco-iranienne Azadeh Kian.
"Il s’agissait pour le régime islamique d’Iran d’une démonstration de force" analyse Azadeh Kian après la riposte, de ce week-end, à la frappe israélienne sur le consulat iranien en Syrie.
Mais cette démonstration ne convainc pas la société civile. "La population est très inquiète, parce que tout le monde pense qu'Israël va riposter tôt ou tard, analyse-t-elle, et même si Israël ne riposte pas militairement, il s’agira davantage de sanctions internationales qui vont être imposées à l’Iran et que ça sera encore une fois la société iranienne qui va en subir les conséquences."
Et les premières conséquences sont déjà visibles : "le lendemain de l’attaque le prix des devises a augmenté de façon exponentielle, observe Azadeh Kian, et les gens étaient tellement inquiets que tout le monde a essayé de s’approvisionner par peur d’une pénurie d’essence ou des produits de première nécessité."
Cette offensive militaire à l’extérieur s’accompagne également d’un durcissement de la répression de la population à l’intérieur où aucune critique de la stratégie militaire n’est tolérée. "Le régime islamiste d’Iran tente par tous les moyens d’utiliser ces attaques pour d’avantage resserrer l’étau autour de la société civile iranienne et de réprimer les contestataires qui sont aussi taxés d’espionnage pour Israël" détaille Azadeh Kian.
Des critiques interdites sous toutes les formes, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Selon elle "des journaux qui osaient critiquer cette attaque contre Israël ont été suspendus, et plusieurs journalistes ont été arrêtés." Pour la chercheuse, au sein même des gardiens de la révolution, des voix discordantes existent, mais depuis l’attaque du 13 avril plus "aucune voix discordante" ne se fait entendre.
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