La personnalité de Jean Vanier est au cœur d'une enquête dont les résultats ont été publiés lundi 30 janvier. Les conclusions sont glaçantes : le rapport identifie au moins 25 femmes - toutes majeures et non handicapées - qui, à un moment de leur relation avec Jean Vanier, ont vécu une situation impliquant un acte sexuel ou un geste intime. Stephan Posner, le responsable de L'Arche Internationale, réagit sur RCF aux conclusions de ce rapport.
La Commission mandatée par L'Arche a rendu ses conclusions. Elle confirme les phénomènes "d'emprise" dont Jean Vanier s'est rendu coupable, auprès de plusieurs femmes. Le rapport en décompte 25, mais ce chiffre est sans doute sous-estimé. "Si nous avons entrepris ce travail, c'est pour permettre à ces personnes qui ont été entraînées dans ces relations, de pouvoir comprendre l'origine des dévoiements dont elles ont été victimes" souligne Stephan Posner, responsable de L'Arche International. "L'ensemble de ces relations, dans toute leur diversité, s'inscrivent bien dans un continuum de confusion, d'emprise et d'abus".
A ces personnes, le responsable souhaite demander pardon. "Ca me semble important de reconnaître à toutes ces femmes cette expérience très douloureuse qu'elles ont vécu". "Pardon, pardon que nous n'ayons pas su prévenir, repérer, signaler et puis bien sûr faire cesser ses abus".
Le précédent rapport de 2019 avait déjà permis d'identifier que "la fondation de L'Arche n'était pas celle que nous avions imaginé", précise Stephan Posner. "L'intention première pour Jean [Vanier, ndlr], c'était d'abord de retrouver le père Thomas Philippe, même si ça a pu coïncider avec une volonté sincère de fonder L'Arche". Un point qui est "très troublant" pour l'actuel responsable de L'Arche. "Le rapport fait en même temps le constat que nous n'avons pas été fondamentalement déterminé par cette origine - et pour nous bien sûr c'est un constat essentiel - mais en même temps nous devons en faire l'inventaire".
La fondation de L'arche n'était pas celle que nous avions imaginé
L'Arche a donc demandé à la commission mandatée pour faire la lumière sur les phénomènes d'emprise qui ont pu avoir cours, de compter dans ses membres une sociologue. "Elle faisait partie de la commission, en particulier pour essayer de rendre compte d'un certain nombre de dynamiques institutionnelle au sein de L'Arche, en particulier un certain nombre de rapports d'autorité, le mode d'accompagnement ou supervision, et un certain type de discours".
Charge maintenant à L'Arche de prendre des mesures adéquates. "C'est sûr que le travail qui a été fait là, ce qui est rapporté dans ce document, va nous encourager et à une relecture critique d'un certain nombre de nos pratiques, même si celles-ci ont déjà beaucoup évolué au fil des décennies et de la croissance de L'Arche" souligne Stephan Posner. "Si nous avons entrepris ce travail, c'était pour comprendre ce que nous avions appris il y a déjà quelques années". "Il va nous falloir intégrer ce qui est écrit dans ce rapport et en particulier intégrer ces réalités au récit notre histoire et j’évoquais ici à notre fondation et ça nécessairement ça prend du temps parce que la réception de ces réalités est forcément douloureuse".
Autre aspect, celui du fonctionnement des communautés de L'Arche, qui ont rendu possibles "de tels abus et le silence qui les a entourés". "Comment se fait-il que nous n'ayons pas vu, qu'est-ce qui dans notre mode de fonctionnement a pu privilégier cette espèce d'invisibilité de ses abus au cours de toutes ces décennies ?" s'interroge aujourd'hui le responsable.
Enfin, des audits réguliers sont prévus. "Il y a naturellement toutes les politiques de signalement et de protection des personnes qui existent à l'Arche, et qui ont fait l'objet d'une totale refonte depuis trois ans. On a conduit des audits auprès de nos communautés dans le monde entier, on a produit de nouveaux référentiels, de normes et d'objectifs en matière de protection des personnes ; on va refaire un audit cette année. Il sera renouvelé tous les trois ans".
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