Si les pratiques frauduleuses ont toujours existé, elles ont connu une ascension spectaculaire ces dernières années. Le développement d’Internet s’est accompagné de grandes campagnes d’escroqueries, dont nous pouvons tous être victimes. De mieux en mieux ficelées et de plus en plus crédibles, il s’agit de faire de la prévention pour éviter les arnaques. Des associations se battent pour accompagner les victimes dans leurs démarches et pour alerter.
SMS du Compte Personnel de Formation, lien pour gagner une paire de baskets ou encore mails pour recevoir son colis : rares sont ceux qui n’ont jamais reçu ces tentatives d’arnaques. Elles visent des populations de tous les âges et de toutes les origines. "On a souvent l’image des personnes âgées plus crédules, mais ce n’est pas vrai, elles sont généralement prévenues et prévenantes", souligne Pascal Tonnerre, président du Réseau Anti-Arnaques. C’est généralement un sentiment de honte qui envahit les personnes victimes, qui reconnaissent une erreur de leur part. "Il faut lutter contre ce sentiment", ajoute Pascal Tonnerre. Tellement élaborés aujourd’hui, les pièges deviennent difficiles à déjouer. D’autant que les arnaques arrivent parfois dans un contexte de vulnérabilité, qui impacte notre réaction et nous pousse à cliquer.
Les arnaqueurs ne manquent pas d'imagination pour innover leurs méthodes et leurs sites sont souvent hébergés dans des pays étrangers. Un piège actuel est l’usurpation du numéro de téléphone. La victime reçoit un appel, a priori de sa banque, et livre des informations personnelles sans se douter que c’est une autre personne au bout du fil. Les moyens des arnaqueurs sont de plus en plus divers, tout comme leurs techniques qu’ils perfectionnent au fil du temps. Un faux mail de Chronopost indiquant de payer cinq euros pour recevoir son colis paraîtra très professionnel et pourra avoir un grand succès. De même, depuis deux ans, les fausses convocations reçues par mail par la police suite à la potentielle consultation de sites pornographiques se multiplient. L’internaute doit savoir décrypter et déceler le vrai du faux.
Michel Guillaud, président de France Conso Banque, souligne la différence sémantique entre les termes. Si l’arnaque et l’escroquerie impliquent la participation involontaire de la personne victime, la fraude se distingue par son aspect unilatéral. Par exemple, un vol de carte bancaire pourrait être une fraude, puisque la victime n’est en rien impliquée. La protection du consommateur ne s’applique pas de la même manière en fonction du nom du délit. Le site du gouvernement Cybermalveillance permet notamment de se renseigner au sujet des pratiques frauduleuses sur Internet. Olivier Gayraud est juriste et chargé de mission à la CLCV. Pour lui, "si la pédagogie fonctionne, déjouer l'arnaque est une course sans fin".
Les trois intervenants, spécialistes des arnaques, ont de nombreux conseils pour les contrer. Déjà, en cas de doute, il est préconisé de mener une "mini-enquête" pour déceler la faille. La vigilance entre les générations est aussi efficace. Olivier Gayraud rapporte que l’UFC Que choisir référencie plusieurs types d’arnaques, de la voyance en ligne au trajet en avion inexistant. Pascal Tonnerre se méfie quant à lui des "sites éphémères qui ont des bonnes gueules". Il invite à déjouer les offres "gratuites" : "rien n’est jamais gratuit, les commerçants ont besoin de vivre". Ne pas cliquer sur les annonces, signaler les spams, alerter et prévenir ses proches sont quelques-uns des réflexes à adopter en tant qu’internaute.
Toutes les arnaques ayant trait à l’argent, les banques sont évidemment impliquées dans la prévention et dans la réparation des litiges. L’escroquerie au chèque de l’amitié est fréquente : une personne que l’on ne connaît pas très bien nous demande d’encaisser un chèque, en échange d’un virement. Le chèque encaissé est impayé, la personne disparaît. "Il faut toujours être prudent par rapport à des chèques remis par des personnes que l’on ne connaît pas", note Olivier Gayraud. Pour Michel Guillaud, la baisse des moyens de protection en matière de virements mène à "une vraie recrudescence des fraudes bancaires", les banques ne vérifiant plus aujourd’hui systématiquement les noms et IBAN des bénéficiaires.
En France, environ un milliard d’euros tombe chaque année dans les mains des escrocs. Dans plus de 35% des cas, les banques ne remboursent pas les fraudes. Les statistiques internes de France Conso Banque s’élèvent, elles, à 90% ! Pour le président de l’organisme, "les banques devraient être un peu plus pédagogiques". Pascal Tonnerre ajoute que des nouvelles techniques sont découvertes chaque jour pour subtiliser de l’argent. Le développement des "e-cartes" doit appeler à la vigilance, tout comme les vendeurs qui donnent rendez-vous le dimanche pour une remise de chèque, les banques étant fermées ce jour-là. Olivier Gayraud insiste sur le bon réflexe de porter plainte.
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