L'assassinat d'Ismaël Haniyeh, chef du Hamas, dans une frappe attribuée à Israël à Téhéran, bouleverse le paysage politique au Moyen-Orient. Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite et président de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient, analyse les répercussions immédiates et à long terme de cet événement sur le Hamas et les négociations de paix.
Selon Jean-Paul Chagnollaud, l'assassinat d'Ismaël Haniyeh intervient en plein processus de négociation pour la paix dans la guerre de Gaza, ce qui pourrait compromettre gravement les pourparlers et rend improbable la libération des otages détenus à Gaza par le biais de négociations.
Il rappelle que le Hamas a survécu à de nombreux assassinats de ses leaders depuis sa création en 1987-88 “Cela ne l’a pas empêché de se développer, de s'enraciner auprès de la population palestinienne. Donc on est dans cette espèce de logique classique qui fait que les leaders du Hamas savent que leur vie est en danger dans ce conflit très existentiel pour eux “, explique-t-il.
Si personne ne peut prédire le futur leader du Hamas, il est certain qu'un remplacement rapide est prévu, explique le politologue. Contrairement à des groupes comme Al-Qaïda ou Daech, le Hamas bénéficie d'une base populaire solide et continue de fonctionner efficacement malgré les pertes de ses dirigeants. “Ce qui est certain, c'est qu'il sera remplacé et assez vite, je l'imagine”, ajoute-t-il.
“Cette guerre aujourd'hui terrible, qui aboutit au massacre de milliers de gens, on est à plus de 40 000 morts aujourd'hui, sans parler de dizaines de milliers de blessés, il faut imaginer le nombre de gens qui doivent avoir 10 ans, 12 ans, 15 ans aujourd'hui, qui vont dans X temps rejoindre des organisations qui prônent la lutte armée contre Israël”, alerte Jean-Paul Chagnollaud.
Il n'y a aucune cause qui permette de légitimer une telle action. C'est une violation du droit international.
Jean-Paul Chagnolo explique que l'assassinat d'Ismaël Haniyeh compromet gravement les efforts de paix en cours “quand vous entamez une négociation et que vous décidez de tuer celui qui représente la délégation en face, ça signifie que vous piétinez ces négociations, que ça veut dire que vous ne voulez pas. Et Netanyahou le dit. Il ne le dit, il n'en veut pas” , observe-t-il.
Il souligne que l'attaque d'Israël contre un leader à Téhéran constitue une grave violation du droit international et ajoute une provocation inutile envers l'Iran. “ La Cour internationale de justice dit très clairement qu'Israël est une puissance occupante, et qu'elle doit arrêter la colonisation en faisant aussi évacuer ses colons. Donc on est sur le plan du droit, et le droit ça veut dire la paix, une paix juste et équilibrée, sinon c'est cette guerre totale qui nous amène à des tragédies sans fin”, poursuit-il.
L'assassinat d'Ismaël Haniyeh à Téhéran, lors de l'investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian constitue également une provocation majeure envers l'Iran, déclare Jean-Paul Chagnollaud.
"C'est un camouflet considérable, et donc il se retrouve en porte-à-faux par rapport à tous ceux qui, en Iran, veulent en découdre, avec Israël, avec les États-Unis. Dans cette conjoncture, Massoud Pezeshkian n'a guère d'autre choix que d'accompagner une riposte. Malheureusement, c'est ce qui va se passer” , conclut-il.
L'armée israélienne a annoncé jeudi que le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, avait été éliminé dans une frappe le 13 juillet dans la bande Gaza.
"L'armée israélienne annonce que le 13 juillet 2024, des avions de combat ont mené des frappes dans la région de Khan Younès, et à la suite à d'une analyse de renseignements, il peut être confirmé que Mohammed Deif a été éliminé", déclare Tsahal dans un communiqué.
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