Ce mardi 8 novembre l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes s’est achevée avec le discours de clôture de son président, Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Il n’a pas annoncé de démission au sein de la Conférence des évêques de France, contrairement à ce que laissaient entendre des rumeurs soufflées par l’affaire Santier. Mais certaines mesures sont été décidées, comme la création d’un comité de suivi pour accompagner les évêques dans la gestion de crise. Il a redit l'humiliation des évêques dans un long discours teinté d'amertume, où ont été évoquées les difficultés que rencontre l'Église, notamment financières.
Ce mardi lors de son discours de clôture de l'assemblée des évêques, Mgr Éric De Moulins-Beaufort a redit l'humiliation des évêques après les révélations sur Michel Santier et les aveux de Jean-Pierre Ricard. "Nous sommes humiliés de constater que des actes de certains de nos frères, prêtres et évêques, et la manière dont ils ont été traités entre notre structure ecclésiale en France et jusqu’au Saint-Siège provoquent de la tristesse, de l’incompréhension, du dégoût, et empêchent beaucoup de vous de goûter la joie pure et rajeunissante de l’Évangile du Christ."
Le président de la CEF a annoncé la création d’un comité de suivi pour accompagner les archevêques et les évêques dans la gestion de crise. Les responsables des diocèses seront "accompagnés dans toutes les étapes de la procédure". Le tribunal pénal canonique interdiocésain annoncé en octobre 2021, jour de la remise du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) devrait être mis en place dans un mois, début décembre 2022, "dès réception du visa du Tribunal de la Signature apostolique". Enfin, les évêques de France vont également mettre en place le "celebret national" évoqué lors de l'assemblée plénière de novembre 2021. Il s'agit de créer un modèle national de ce document d'identité remis à chaque prêtre, document qui doit permettre "d’attester de sa qualité et de sa capacité à célébrer les sacrements".
Les évêques ont donc "tiré au clair" l'affaire Santier. Mgr Éric de Moulins-Beaufort a détaillé l’enchaînement des faits dans sa conférence de presse du lundi 7 novembre. "Il y a eu des insuffisances, des erreurs et des dysfonctionnements dans la manière de réagir aux faits commis par Mgr Santier au fil des procédures", a-t-il admis. La CEF admet un "traitement en circuit fermé, entre évêques ; une naïveté entretenue ; un manque de considération pour le peuple de Dieu".
Au sujet de Mgr Dominique Blanchet, le successeur de Mgr Santier à la tête du diocèse de Créteil, il est maintenu à la vice-présidence de la Conférence des évêques de France. "Il s’est trouvé pris dans une situation créée par le silence maintenu des mois avant son arrivée et même sa nomination, a expliqué le président de la CEF, il a dû seul, avec force et délicatesse, trouver la manière de tenir Mgr Santier le plus à l’écart possible, sans pour autant paraître le rejeter ou le mépriser aux yeux d’un diocèse qui voulait le remercier encore, alors qu’il ne pouvait expliquer à quiconque ce dont il retournait." En ce qui concerne Mgr Laurent Le Boulc’h (actuel évêque de Coutances et Avranches, le diocèse où Michel Santier était prêtre dans les années 90 et où plusieurs victimes se sont fait connaître), le président des évêques de France a déclaré : "Il n’a pas su tout de suite dans quelles conditions Mgr Santier revenait dans son diocèse d’origine, et lui aussi a dû, à mesure qu’il le découvrait, chercher les meilleures ou les moins mauvaises manières de l’accueillir, puisqu’aussi bien il fallait que Mgr Santier puisse vivre quelque part."
"Son aveu rendu public est un acte de grande importance", a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort au sujet de Mgr Ricard. "Il inscrit sa déclaration dans le travail de vérité que l’Église a entrepris depuis quelques années et dans lequel l’Église en France tient sa part…. Il n’en appelle pas à notre indulgence mais à notre fraternité." Mgr Éric de Moulins-Beaufort a également tenu à préciser pourquoi il annoncé le nombre de 11 évêques mis en cause pour des affaires d’abus devant la justice de notre pays ou la justice canonique. "Le nombre mentionné dans la presse recouvre des cas très différents et des faits qui ne sont pas du même ordre, a-t-il précisé, je pensais l’avoir indiqué suffisamment et je regrette de ne pas avoir été assez précis."
La transformation de la CEF était à l’ordre du jour de cette assemblée d'automne. L’objectif est notamment de pouvoir gagner en proximité avec les diocèses. Sans mentionner précisément les mesures prises ou qui vont l’être, son président a prévenu : "Le but poursuivi est moins la recherche d’une diminution des effectifs qu’une meilleure définition du rôle des instances (assemblée plénière, conseil permanent, présidence, conseils et commission) et une meilleure articulation entre elles pour que notre système central soit plus souple, un peu moins coûteux, mieux adapté aux besoins de l’évangélisation aujourd’hui."
Évoquant les finances et une "pression de la réalité", la CEF annonce devoir "anticiper raisonnablement une baisse de [ses] ressources et tenir compte de l’augmentation actuelle des charges du fait, notamment, de l’inflation". La CEF, accompagnée dans cette réorganisation par le cabinet Nexus Conseils, remercie "tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, travaillent dans la maison de l’avenue de Breteuil [le siège de l’Église catholique en France, situé au 58, avenue de Breteuil à Paris, ndlr]… Les réflexions que les évêques mènent sur la transformation de la Conférence des évêques peuvent les inquiéter", a-t-il été dit.
Quant au motu proprio Traditionis Custodes, qui était également à l’ordre du jour, le sujet est lié selon Mgr de Moulins-Beaufort "à la transformation pastorale des diocèses". Le président de la CEF a simplement souligné que les deux sujets "convergent" : "Il s’agit de notre responsabilité de rapprocher de chacun et de chacune la source qu’est le Christ Jésus. Nous devons trouver les moyens de le faire avec moins de prêtres, des communautés moins nombreuses et surtout insérées dans un tissu social sécularisé et déchristianisé, souvent marqué par l’indifférence religieuse, parfois par la forte présence d’autres religions, surtout l’islam." Mgr de Moulins-Beaufort s'est aussi adressé aux fidèles qu'il a remercié pour leur "exigence".
Enfin, les évêques de France ont réagi sur des sujets d’actualités, comme la fin de vie – "il y a d’autres voies que la prétendue « douce mort » et le suicide assisté" - ou la COP27 - "La sobriété ne doit pas être une attitude conjoncturelle liée à la guerre en Ukraine et à ses conséquences pour l’approvisionnement en énergie. Elle est une attitude à acquérir et à enraciner spirituellement." Mgr Éric de Moulins-Beaufort a aussi invité les jeunes à participer aux prochaines JMJ de Lisbonne. Dans son discours il mentionne aussi les victimes de la guerre en Ukraine et dans d’autres pays du monde. Ce discours de clôture précède la dernière conférence de presse donnée ce mardi à 14h à Lourdes.
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